Chroniques culture : la sélection BD de la rentrée et « Holly » de Stephen King

Cette semaine, on fait le plein de BD pour se remettre dans le bain. Sans oublier de (re)lire le dernier roman en date de Stephen King…

LA BD HUMOUR

DERNIÈRE RÉUNION AVANT L’APOCALYPSE

Un Macron torse nu tout juste tatoué d’un tribal sur le pec’ (son « rêve avant la fin du monde ») croyant qu’il signifie « sagesse » alors qu’il s’agit du mot « soupe » : le ton est donné dès la page d’ouverture de « Dernière réunion avant l’apocalypse » (éd. Delcourt), place au grand n’importe quoi !

Ici, Chavant et Karibou dessinent un pays qui vit ses derniers instants – l’apocalypse est prévue à 19 h – chacun à sa façon. Toujours absurde (« je peux pas rester à la maison, j’ai plus de RTT »), poussant le curseur de la dérision, un poil provoc’, le récit offre une tripotée de gags qui font mouche à chaque fois, tout en soulignant la bêtise de l’humain qui fonce droit dans le mur sans sourciller.

Aurélien Germain


LE ROMAN

HOLLY, de Stephen King

Avis aux retardataires, il est encore temps de finir l’été avec le dernier roman en date de Stephen King, « Holly » (éd. Albin Michel) ! C’est un fait depuis longtemps, l’écrivain américain n’a pas son pareil pour raconter des histoires et tenir en haleine sur des centaines de pages. Preuve en est, de nouveau, ici avec un pavé de 528 pages sans temps mort, mêlant thriller et enquête policière avec une grosse dose d’horreur psychologique. Au menu ? Un couple de retraités… serial-killers (!), une Amérique sous l’ère post-Covid, de la folie humaine, du cannibalisme, le tout plongé dans une intrigue parfaitement ficelée.

Tour de force narratif, « Holly » emmène son lectorat dans une histoire à plusieurs voix (et voies !), où l’on retrouve avec plaisir son personnage éponyme déjà vu et lu dans les précédents « Mr Mercedes » et « L’Outsider ». Très politique (Trump en prend pour son grade), sociétal (le problème du racisme omniprésent), le roman raconte aussi un pays fracturé. Malheureusement plombé par des références Covid moralisatrices et trop nombreuses, ce « Holly » reste un très bon cru de l’auteur qui ne perd rien de sa superbe. Un livre à dévorer, assurément.

Aurélien Germain

→ A relire en un clic ici : Stephen King, le roi de la trouille en anecdotes 


La sélection BD

La Belle de Mai » (éd. Futuropolis) de Mathilde Ramadier et Elodie Durand relate la première grève de femmes en France en 1887 à Marseille dans une usine de tabac. Une histoire de lutte et d’émancipation au-delà de tous les codes, dans une histoire forte et au graphisme époustouflant.

Partons maintenant en 1555 avec « Antipodes » (Casterman), où David B et Eric Lambé racontent une tentative de colonisation française au Brésil. Sur fond très présent de religion, ce magnifique conte graphique est une belle surprise mélangeant Histoire et fiction.

Adaptation du roman de Mélissa Da Costa, « Tout le bleu du ciel » (Albin Michel) par Carbone et Juliette Bertaudière est une réussite. Un voyage émouvant de deux êtres rassemblés par les aléas du quotidien, un hymne à la vie.

« Tous nos étés » (Grand Angle) est l’histoire d’une maison et de ses différents occupants successifs. Avec un dispositif scénaristique très original signé Séverine Vidal et le dessin plein de charme de Victor L. Pinel, ce roman graphique se lit tout en douceur.

Deux amis, du foot, de la bière, des rêves éthyliques, des rencontres improbables, de l’amour, voilà ce qui vous attend dans « Singl » (Sarbacane) du Tchèque Jiri Franta. Avec son humour décalé, son style graphique improbable, cette BD est une grosse surprise.

Hervé Bourit