Education aux médias et à l’information : pourquoi c’est important

EMI pour « Education aux médias et à l’information ». Pas vraiment une matière scolaire. Pas vraiment un cours. Pas vraiment un loisir… Mais c’est quoi, alors ?

Répondre aux questions Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Pourquoi ? Comment ?, c’est un peu le B.a.-ba du journalisme. Alors pour un article sur l’éducation aux médias et à l’information, on laisse la charpente apparente.

C’est quoi ?

EMI, pour Éducation aux Médias et à l’Information. Dans le système scolaire, l’EMI est une compétence « transversale ». Non pas qu’elle soit à lire en diagonale : elle peut être abordée dans de multiples matières, du cours de sciences au cours de français en passant par l’histoire- géo ou les langues. Ensuite, chaque établissement fait ses choix.

Au collège Michelet de Tours, par exemple, la professeure-documentaliste Laetitia Coudreau anime pour les 6e des cours d’EMI toute l’année : « Ça fait partie de l’emploi du temps ! En demi- groupe, les 6e viennent au CDI pendant une heure. Après avoir revu les règles de vie au CDI, on aborde la recherche d’information (dans les livres, sur internet), comment s’assurer de sa fiabilité… L’idée est de leur donner les outils pour faire des recherches seuls, en vue d’exposés par exemple. On profite aussi de la semaine de la presse et des médias, au printemps, pour aborder la fabrication d’un journal, et les métiers du journalisme. Et en fin d’année on fait une sensibilisation aux réseaux sociaux. Ce sont les citoyens de demain, c’est donc essentiel de les préparer à exercer leur esprit critique. »

Et voilà que sans le vouloir, nous avons glissé vers le « Comment ? », le « qui ? » et le « pourquoi ? ». Alors continuons…

Pourquoi ?

Parce que savoir s’informer, c’est savoir réfléchir, et pouvoir décider. Or, sous l’avalanche d’infos et pseudo-infos qui nous déboulent dessus chaque matin au réveil, puis au fil de la journée si le smartphone reste allumé, il est parfois difficile d’y voir clair.

Alors pour les ados qui poussent pour la première fois le bouton « ON » de cette machine à contenus qu’est notre téléphone, il est encore plus essentiel d’avoir les clés pour faire le tri entre le faux et le vrai !

Qui et comment ?

« J’aime faire intervenir quelqu’un qui travaille dans les médias, précise Laetitia Coudreau. Ça permet aux élèves de côtoyer des professionnels, de voir comment ça se passe vraiment ! »

A Michelet, cette année, c’est Sébastien Jacquelin, animateur de Radio Campus Tours, qui se déplace. Après une séance de découverte de la radio et de ce qu’est une info, c’est devant le micro que les collégiens pratiquent l’éducation aux médias et à l’information, pour des podcasts mis en ligne sur le site de Radio Campus.

À l’école Giraudoux (quartier des Fontaines), Véronique Decouard a fait le choix de la presse écrite pour ses CM2, avec la création d’un journal d’école, ou plus récemment des ateliers par les journalistes du magazine Fritz. « C’est difficile à leur âge d’organiser ses idées, synthétiser sa pensée, respecter la syntaxe et l’orthographe. On travaille donc le français en même temps que la sensibilisation à l’information. »

Un défi, à un âge où les journaux posés au fond de la classe ne déclenchent pas l’enthousiasme, et où les réseaux sociaux commencent à s’insinuer dans les conversations. Dans d’autres établissements, pas forcément de journalistes, mais des profs motivés qui s’emparent du sujet, avec des clubs radios sur le temps du midi, des visites de la Nouvelle République et autres activités.

Où : l’école… et au-delà ?

Aller à l’école, oui, mais pas seulement : « Les demandes d’établissements scolaires ont augmenté, mais nous animons aussi des ateliers dans les centres sociaux, des Ehpad ou à la Maison d’arrêt », précise Sébastien, de Radio Campus Tours. Théories du complot, images générées par IA autres fake news…

Lors de la semaine sans écrans organisée par la Ligue de l’Enseignement pour les habitants du quartier Rochepinard en 2021, parents et jeunes ont pris conscience du fonctionnement des réseaux sociaux, entourés par des pros. D’autres soirées à thèmes permettent d’aborder le sujet avec les adultes. Pourtant, lorsqu’on parle aujourd’hui d’EMI, on pense surtout aux mineurs. L’éducation aux médias pour les adultes, défi majeur ?

Emilie Mendonça / Photos : Fritzlemag, Radio Campus, Adobe Stock (ouverture)