« 5, 4, 3, 2, Impro ! »

Chaque mercredi pendant deux heures, la joyeuse troupe du Fruit (François Rabelais université improvisation théâtrale) se réunit pour improviser au Sanitas. Accessible à tous, l’impro permet de décompresser et de prendre confiance en soi. Le 22 janvier, le Fruit participera à une battle au bar Le Campus. #EPJTMV

Avec seulement quelques secondes de préparation, les comédiens en herbe s’éclatent dans l’impro, sans le jugement des autres. Photo : Lorenza Pensa
Avec seulement quelques secondes de préparation, les comédiens en herbe s’éclatent dans l’impro, sans le jugement des autres. Photo : Lorenza Pensa

« L’improvisation est à la portée de n’importe qui. Dans la vie quotidienne, on improvise tous », résume Damien, 23 ans, qui a commencé ce genre théâtral il y a quatre ans. Ce soir, ils sont huit garçons et six filles à se retrouver comme tous les mercredis dans une salle au Sanitas. La plupart sont étudiants, tous ont la vingtaine. Simples, ils débarquent en jean, baskets et gros pulls. L’ambiance est décontractée.

Certains ont commencé l’impro ou le théâtre il y a plusieurs années, d’autres viennent juste de s’inscrire. Tout cela forme un sacré mélange, qu’ils appellent « La salade du Fruit ». Ils ont pour guide Jean, un comédien qui ambitionne de devenir humoriste.

« Le réchauffement climatique dans un western ». Jean annonce le thème. Il laisse quelques secondes de réflexion aux apprentis comédiens. « 5, 4, 3, 2, Impro ! ». Deux d’entre eux rejoignent le centre de la salle. « Elles sont à toi les vaches ? » Sur le ton du Far West, le dialogue progresse jusqu’à évoquer la pollution. L’un endosse le rôle d’un propriétaire du bétail. L’autre répond aux attaques d’un inspecteur à la casquette écologiste. « Je suis là pour vous faire chier et contrôler le cul de vos vaches », s’écrie l’inspecteur. Le jeune homme, aux cheveux blonds courts et petits yeux rieurs fait mine de placer une sonde qui mesure les rejets d’une vache invisible.

Un autre étudiant entre en piste pour jouer le rôle de la vache. Jean invite les autres participants à entrer dans le jeu : « Inconsciemment, ils vous appellent à l’aide ». Pendant deux heures, les thèmes se multiplient : la maison hantée version trash, les maths en rimes, les soldes sur BFM TV et TF1 en zapping.

Jean Rigueur, futur humoriste, apporte son expérience du théâtre classique aux étudiants. Photo : Lorenza Pensa
Jean Rigueur, futur humoriste, apporte son expérience du théâtre classique aux étudiants. Photo : Lorenza Pensa

Décompresser et prendre confiance

Avant l’impro, le groupe s’est mis en condition dans un long entraînement. En cercle, ils crient à tour de rôle avec des gestes. L’exercice demande de l’énergie, et surtout, beaucoup d’attention. Les habitués entraînent les nouveaux dans le mouvement. « Samba ! » Tout le monde se met à danser, les mines sont joyeuses.

De plus en plus intense, l’échauffement devient un défouloir. « Marchez tranquillement… De manière pressée… Vous êtes au téléphone… » Jean déclenche une « tempête de tomates » pour stimuler l’imagination. Les participants doivent agir comme s’il pleuvait des tomates. Deux improvisateurs partent dans un délire religieux et fantastique. Puis, la troupe joue à 1, 2, 3 soleil. Un moyen pour travailler sa concentration et ne pas céder au rire. « Quand tu es en partiels, ça fait du bien de venir ici. On se déconnecte, on se détend et on évacue le négatif », explique Damien.

Le regard attentif, Jean distille des conseils : « Quand vous êtes quatre, il y a souvent deux discussions. Faites-les parler l’une après l’autre. » Pendant le jeu, il glisse des petites remarques sur le placement. Les comédiens en herbe doivent penser à ne pas tourner le dos au public lors des battles. Le futur humoriste établit une comparaison avec le théâtre classique : « L’impro est moins cadrée et mécanique. » « Elles sont complémentaires », ajoute Théo.

Clément, étudiant en anglais, grand timide devenu comédien talentueux, apporte aussi son expérience : « Vous n’êtes jamais obligé d’aller vite. » L’impro donne de la confiance et de l’estime de soi. « C’est difficile de se lancer au départ mais il n’y a pas de jugement », explique Clément. Ils sont unanimes sur les bienfaits.  

La préparation a du bon. « C’est un travail d’équipe même si pendant les battles on joue les uns contre les autres », soulève Théo. Le 22 janvier, le Fruit fera goûter sa salade à d’autres groupes d’impro, sans feuille ni préparation.  

Le Fruit, résidence Europa (salle panoramique) au Sanitas. Tous les mercredis à 19h45. Adhésion : 45 euros l’année.

Tiffany Fillon et Charles Lemercier