Juste un mot

Il y en a tant eu, des mots. On a dit, tous, tant de choses. Des mots poignants de victimes, traçant le visage de l’horreur pour ceux qui n’y étaient pas, ceux qui ont eu la chance de ne pas y être. Des mots qui restent longtemps en suspens au-dessus des gens. Des mots d’apaisement. Des mots fermes d’un président pour imposer le silence ou revenir au débat. Mais, aussi, des mots perdus, des mots confus ou, même, des mots déguisés, contreplaqués, prononcés par des accusés, un peu perdus eux-aussi.

Des mots vides encore. Et puis, des mots d’expert, fonctionnels, descriptifs, ennuyeux. Des mots formels, du langage judiciaire. Sans parler des mots pour ne rien dire, les mots qui s’écoulent comme un robinet qui fuit, de la salle des pas perdus.

Et puis un jour, à la fin de tout, juste quelques mots. Les derniers mots des accusés. Face à la salle qui s’éteindra bientôt, les ultimes paroles prononcées, avant que ne retombe, sur tous ces mots, le rideau lourd de la justice.

Matthieu Pays