« Compte » de Noël

Il était une fois, dans un village quelque part, vivait une très vieille dame très riche et très seule. Tous les monsieurs veufs de la contrée, attirés par l’odeur des fauteuils en cuir et du brandy tiède, chaque hiver, venaient toquer à la porte de son château pour lui demander par quel présents ils pourraient gagner son cœur.

Aux uns et aux autres, elle donnait les idées les plus extravagantes, les inspirations les plus abracadabrantesques. Et tous s’ingéniaient à dilapider ce qu’il leur restait de fortune pour la satisfaire, courant les drugstores et les internets de la planète.

Le jour de Noël, les cadeaux sans saveur s’entassaient dans la salle du trône sous l’oeil indifférent de la châtelaine. Puis, bien après les autres, alors que tous les chandeliers étaient éteints, vint un monsieur qui ne s’était pas annoncé. Timidement, il tendit à la dame un tout petit paquet. Comme elle ignorait ce qu’il contenait, elle le contempla de longues minutes avec des frissons dans les yeux. Jamais elle ne l’ouvrit et jamais elle ne se sépara du petit bonhomme qui n’aimait pas beaucoup le brandy tiède.

Matthieu Pays