C’est grave, docteur ?

Imaginez une arête dans un gosier. L’arête, c’est un gros bateau pas joli du tout. Une arête de 200 000 tonnes : rien que du métal et des marchandises made in China. Le gosier, c’est le canal de Suez, petite glotte toute serrée entre la Mer rouge et la Méditerranée. Et, pour compléter le tableau, le corps auquel appartient ce gosier, eh bien, c’est le nôtre. C’est nous.

Bref, on a avalé de travers. Sans doute que l’on se goinfrait trop, que l’on était trop gourmand. Gloutons, même… Alors, on se gratouille la gorge, on toussote, on boit un peu d’eau. Et on a peur, surtout, que le flux qui nourrit notre boulimie se tarisse et nous laisse en rade. On panique. On ne devrait pourtant. Ben non…

Parce que ce n’est pas normal, en vrai, de se retrouver sur le flanc, juste à cause d’une bouchée mal avalée. S’il existait des médecins pour ce genre de cas, ils nous diraient comme ça, avec un petit sourire entendu : « Dites donc vous, ce ne serait pas le moment de changer de régime alimentaire ».  Matthieu Pays