Chant du cygne

À 37 ans, son corps est brisé. Une affection rare, au nom énigmatique, Muller-Weiss, ronge son pied gauche depuis 2005. À force de serrer sa raquette comme le prolongement de son corps, sa main gauche est déformée, burinée, presque inhumaine. Chaque match est comme un nouveau chemin de croix qu’il s’impose à lui-même. Et il se l’impose quand même, encore et toujours.

Alors qu’il a tout gagné, alors qu’il n’a plus rien à prouver, alors même que son invincibilité mécanique s’est envolée pour toujours. Juste pour retourner dans l’arène pour un dernier combat, juste pour passer un tour ou deux, gagner encore un match, un set, un point seulement peut-être. Pas pour la gloire. Pour la gloire, il lui suffisait de s‘arrêter après son dernier sacre. Partir tout en haut, dans la lumière. Pas pour l’argent, évidemment. Juste pour aller au bout.

Tant que cela est possible, se battre et ne rien lâcher. Se retrouver 276e joueur mondial et lutter toujours comme s’il était encore N°1. Loin d’écorner son image, par cette leçon, justement, Nadal ajoute la touche de perfection à son extraordinaire carrière. Chapeau bas.

Matthieu Pays