Le coût de la rentrée universitaire en forte hausse

L’Unef a fait paraître son classement annuel sur le coût de la vie étudiante, où Tours pointe à la 35e place. Et la rentrée 2023 va coûter plus cher aux étudiant(e)s la Ville…

Les faits

Comme chaque année, l’Unef a de nouveau dévoilé son classement des villes universitaires, en se demandant quelle était la moins chère pour y faire ses études. Le syndicat en a ainsi analysé une cinquantaine. Et le constat est sans appel : « L’inflation n’épargne aucune ville. »

Sans trop de surprise, l’Île de France (Paris, Nanterre, Créteil, etc.) se retrouve en tête du classement, le bassin parisien étant « une nouvelle fois le lieu le plus cher de France », note l’Unef.

Et Tours ?

Tours est classée trente-cinquième : c’est « une ville dont le coût de la vie augmente davantage que l’année dernière (+ 5,86 %) », est-il indiqué dans l’enquête. « Face à une augmentation des bourses de seulement 37 € pour 23 % d’entre eux et elles, les étudiant(e)s s’enfoncent de plus en plus dans une précarité extrême. » (1)

Et malgré une « stagnation du prix des transports, cependant toujours bien trop élevé (230 €), les loyers augmentent de 2,40 % soit 120 € en plus par an ».

Dans son classement du coût de la vie par ville universitaire, l’Unef estime ainsi qu’un(e) étudiant(e) à Tours devra débourser 1088,60 € mensuels pour subvenir à ses besoins basiques. Il en faudrait par exemple 1 245,84 € pour Bordeaux (12e), 1 109,02 € pour Orléans (26e) ou 1 027,29 € pour Limoges, en bas de classement (47e).

Une rentrée plus chère

L’Agate, l’Association générale des assos tourangelles étudiantes, a quant à elle alerté sur la hausse, très forte, du coût de la rentrée. Elle serait de 3,7 % pour 2023, soit une augmentation de 92 € sur l’année, c’est-à-dire une somme de 2 524,32 € (obtenue en additionnant « les frais de vie courante, les frais spécifiques de rentrée, les frais modulaires et les frais complémentaires calculés pour septembre », indique l’Agate).

Ainsi, l’étude démontre que tout a augmenté : matériel pédagogique (papeterie notamment), contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC), loyer, etc. Seul point positif : l’association a remarqué que les frais d’agence pour le logement et le prix des repas du Crous restaient stables.

Aurélien Germain / Photo : archives NR


(1) Pour lire le classement et l’étude dans son intégralité, c’est par ICI 

Transports : l’abonnement étudiant trop cher à Tours ?

L’Unef vient de dévoiler son rapport sur le coût de la vie étudiante en France. Concernant Tours, le syndicat épingle une politique tarifaire trop élevée.

transports

Comme chaque année, le syndicat Unef a publié son enquête sur le coût de la vie étudiante en prenant en compte les loyers, les charges fixes (frais d’inscription, alimentation, etc.) et le coût des transports.

C’est avec ce dernier que Tours se distingue… en mal, apparaissant deuxième ville la plus chère de France après Paris ! L’Unef pointe ainsi du doigt « un tarif moyen de 331,20 € par an » pour l’abonnement étudiant (342 € à Paris).

Un chiffre à nuancer, puisqu’à Tours, le 12e mois est offert « si 11 sont achetés consécutivement », comme le rappelle Fil Bleu sur son site internet. Mais le syndicat estime l’offre inadéquate, peu d’étudiant(e)s restant l’été pour en profiter. En prenant cela en compte, cela placerait réellement la Ville à la 5e place, avec un coût annuel de 303,60 €. Un chiffre toutefois très élevé qui se situe au-dessus de la moyenne ou de nos voisins (182,30 € à Orléans).

Pour le reste, l’étude démontre que Tours est bien placée au niveau du prix des loyers (31e position), avec un prix moyen mensuel de 386 €, et finit 28e pour le coût global de la vie étudiante.

Au niveau national, celui-ci a encore augmenté de 1,31 % cette année. 

>> Retrouvez le rapport complet de l’Unef juste ici << 

La ville a besoin de ses étudiants

Interview d’Antoine Tredez, responsable du suivi de l’antenne tourangelle de l’UNef. Il analyse le rapport de la ville aux étudiants.

Antoine Tredez de l'Unef
Antoine Tredez de l’Unef

Comment les étudiants sont-ils intégrés à Tours ?
Contrairement à d’autres villes, les étudiants ne sont pas marginalisés. Ils ne sont pas oubliés, il y a des politiques mises en oeuvre qui s’occupent de la jeunesse, comme c’est le cas dans les transports. Ils sont visibles dans une ville qui est jeune, qui bouge et qui est dynamique. Mais il y a encore des insuffisances. Les étudiants ont du mal à se faire entendre. Plus de structures devraient permettre de mieux les écouter. Ils sont éclatés aux quatre coins de la ville et cela n’aide pas à créer un lien, un endroit fort.
Quelle vision les Tourangeaux ont-ils des étudiants ?
Dans la société, il y a globalement une méconnaissance des jeunes. À Tours, une ville sociologiquement assez conservatrice, la vision a tendance à être plutôt négative. D’autant plus qu’ici, et c’est le cas aussi dans d’autres universités, il n’est pas encore culturellement naturel d’accéder à l’enseignement supérieur et aux études longues.
Comment se traduit cette méconnaissance ?
L’image d’étudiants fainéants, ne voulant pas travailler, perdure… Sur le marché du travail, par exemple, les jeunes sont infantilisés. Le diplôme universitaire est parfois caricaturé par les patrons. Il y a un manque de confiance. Alors que tout ce que nous demandons, c’est d’être autonomes. Avec la précarisation et le renvoi constant à leur jeunesse, les étudiants risquent de s’enfermer dans les cadres fixés par la société et de se résigner.
Une forte présence d’étudiants, comme à Tours, n’atténue-t-elle pas cette incompréhension ?
C’est sûr que leur façon de vivre impacte la ville, dans de nombreux domaines. Par exemple, les étudiants ont une forte influence culturelle sur la ville, et sur les générations qui ont dix ans de plus ou dix ans de moins. Le présence de beaucoup de jeunes modifie la manière dont on perçoit la jeunesse, puisqu’on est plus confronté à leur mode de vie. La compréhension est plus grande et les a priori diminuent.
Et s’il n’y avait plus d’étudiants à Tours, comme dans notre fiction ?
Une ville qui attire les étudiants est un bon moyen de savoir si la ville est dynamique. C’est un marqueur. Les jeunes s’ouvrent sur leur environnement et forcent la cité à s’ouvrir elle-même. Sans eux, Tours serait moins attirante, stagnerait. Une sorte de ville endormie comme dans les romans de Flaubert…