Tourisme : comment la Touraine peut rebondir

Si les perspectives ne sont pas très optimistes, notre département peut compter sur son patrimoine exceptionnel pour faire revenir les touristes.

Les chiffres pour 2020 seront de toute évidence catastrophiques : perte de chiffre d’affaires cumulé de mars à août estimé à plus de 75 %*, baisse de la fréquentation de moitié depuis le début de l’année, difficile d’avoir le sourire pour les professionnels du tourisme.

Le bel été ne suffira pas à rattraper le printemps perdu même s’il limite les dégâts. « Les grands sites sont les plus touchés », souligne Pascal Pillault, directeur de l’agence du développement touristique de Touraine (ADTT). Amboise, Chenonceau et les monuments phares qui attirent les groupes et touristes étrangers ont pâti de l’effet Covid, « avec une perte de 10 à 20 % par rapport à un été comparable, celui de 2018. Ce qui n’est déjà pas si mal », tempère Pascal Pillault.

Le choix de la nature

En fait, « ce sont les petits et moyens sites qui ont tiré leur épingle du jeu, comme Villandry, Montpoupon… Avec même une hausse de la fréquentation pour Château-Gaillard à Amboise, ce qui représente une performance ! »

Concernant l’hébergement, les chambres d’hôtes et les gîtes ont attiré cet été les familles désireuses de se retrouver tandis que l’hôtellerie fait grise mine. Les touristes ont assurément fait le choix de la nature, des sites en campagne, et des châteaux moins fréquentés en temps habituel. La métropole de Tours a d’ailleurs beaucoup plus souffert que le reste du département.

Beaucoup parlent d’une amélioration due cet été aux touristes locaux, mais est-ce vraiment le cas ? Pascal Pillault nuance ce constat. « Cela a permis à nos locaux de redécouvrir nos offres touristiques qu’ils avaient peut-être oubliées. Les activités de loisirs, comme le vélo et le canoë ont eu beaucoup de succès. Mais le tourisme ne peut se construire sur la seule proximité. Rester à 50 km de chez soi, cela ne durera qu’un temps ! »

Les chiffres attestent son propos : plus que ceux du département, ce sont les touristes de l’Hexagone qui sont venus visiter notre belle Touraine et expliquent la hausse de fréquentation cet été. Les Belges, Allemands et Néerlandais ont également répondu présent.

Une embellie de courte durée ?

Mais l’été ne pourrait avoir été qu’une embellie de courte durée. Depuis septembre, les professionnels du tourisme s’inquiètent des perspectives. La clientèle habituelle de cette période post-vacances, les plus de 65 ans qui dépensent et profitent des bonnes choses, risque de ne pas être au rendez- vous. « Les professionnels ont les yeux tournés sur notre opération de fin d’année, Noël au château, espère Pascal Pillault de l’ADTT. On compte sur cette période féérique et la volonté de se retrouver en famille. »

 

Autre stratégie sur laquelle planchent les professionnels : développer les axes du slow tourisme et de l’art de vivre.
« Il faut qu’on continue à travailler sur le développement durable. Mais au-delà, c’est tout simplement l’art de vivre à la française que nous devons développer. Nous avons un écrin naturel et culturel formidable classé à l’Unesco, des châteaux, des jardins, des vignes, avec un marqueur identitaire très fort, ce dont tout le monde ne peut se prévaloir. Il nous faut relier les filières entre elles, par exemple les châteaux et le vin, ce que l’on ne fait pas suffisamment. Et puis, qui sait qu’Amboise et Villandry sont également des refuges LPO pour les oiseaux ? Qu’à Villandry, aucun produit chimique n’est utilisé ? À nous de le faire savoir, de mieux communiquer sur nos atouts ! »
Aurélie Dunouau

*Selon une enquête d’impact de la crise sanitaire sur l’activité touristique locale menée par Tours Métropole Val de Loire et le Département auprès des acteurs du tourisme entre le 31 août et 16 septembre. 2 700 professionnels sur 7 000 ont répondu.