Chroniques culture : un Vercingétorix délirant, le glam metal de Steel Panther et le retour de Joseph d’Anvers

Cette semaine, on se lance dans la lecture foldingue de « Sans Peur et sans moustache. Histoire ébouriffante de Vercingétorix », un coup de cœur total. Pour le reste, place à « Un Garçon ordinaire » de Joseph d’Anvers et du fun à tous les étages avec le nouvel album des Steel Panther.

LES LIVRES

Sans Peur et sans moustache. Histoire ébouriffante de Vercingétorix

Et hop, un nouveau bébé dans la collection Romans d’Histoire pop’, des éditions Eyrolles ! Les premiers ouvrages avaient déjà été chroniqués dans nos pages et nous n’avions pas tari d’éloges sur ces romans où « l’Histoire avec un grand H est respectée », mais où la « forme n’a en revanche rien de sérieux », pour reprendre le mantra de la collec’ !

Le dernier né, « Sans Peur et sans moustache. Histoire ébouriffante de Vercingétorix » ne déroge pas à la règle. Car niveau fantaisie, Juliette Lécureuil n’a pas hésité à pousser le curseur !

Ici, l’autrice ne lésine pas sur les dialogues inventés (savoureux), les anachronismes et les références pop. « Sans peur et sans moustache » revisite un bout de la vie de Vercingétorix et sa stratégie face à César. La sauce prend. C’est décalé comme pas possible (les petits surnoms donnés au chef par son amoureuse comme « oh mon cannelloni »), porté par des punchlines à tout va (« Mamma mia, vous avez une épaisseur de cheveux à faire pleurer les chauves et les tondus ») et une écriture très rythmée.

Le côté fantasque fait penser au Astérix de Chabat, l’humour est « kaamelottesque » : l’Histoire vulgarisée comme on l’aime.

Aurélien Germain

UN GARÇON ORDINAIRE

Chanteur, musicien, parolier pour Bashung ou Françoise Hardy, Joseph d’Anvers est aussi écrivain. La preuve avec ce quatrième ouvrage, « Un garçon ordinaire » (éd.Rivages). On y suit les aventures de ce groupe de jeunes lycéens amateurs de rock, dévastés par la mort de leur idole Kurt Cobain.

Sur 224 pages bien tassées, on les observe dans leurs doutes, leurs errances, leurs relations avec leurs parents et leurs premières amours dans une société qui semble avoir été pensée pour tout le monde sauf eux. Grace à une écriture sensible, Joseph D’Anvers signe là un roman fort, magnifique portrait de la génération X.

Hervé Bourit

LE CD

STEEL PANTHER – ON THE PROWL

Et de six albums pour Steel Panther ! Les Américains dignes héritiers du glam rock metal des 80s sont de retour avec, sous le bras, un nouveau disque jonglant toujours autant entre la parodie et l’hommage au style. Car derrière, ça riffe sévère, ça riffe touffu et les morceaux fédérateurs s’enchaînent. Musicalement, les loustics ne sont pas des manches !

Refrains catchy, solos qui tuent, section rythmique béton… Et ce, malgré le propos bien gras, bas du front (= sous la ceinture) et les titres portés « sex, drugs & rock’n’roll » (surtout « sex »). Bref, Steel Panther reste fidèle à lui-même. Un voyage rock 40 ans en arrière qui fait taper du pied.

A.G.

Hellfest et canicule : un samedi dans les flammes du festival

Grand retour du Hellfest après la (trop) longue période de restrictions sanitaires ! Le premier week-end (il y a deux éditions en une cette année) aura été chaud, très chaud, plongeant les festivaliers dans la marmite de la canicule. Récit d’une journée dans les chaleurs de l’enfer, pour une édition de tous les records.

420 000 personnes sur 7 jours, 350 groupes et parkings géants

[Instant introduction]

Les métalleux de tout poil l’attendaient avec impatience : cette quinzième édition – anniversaire – du Hellfest se devait d’être grandiose, après 2 ans d’annulation pour cause de Covid et restrictions. Autant dire que Ben Barbaud, big boss du festival, a vu les choses en grand : pour 2022, place à deux éditions réparties sur… SEPT jours ! Au menu ? Plus de 350 groupes, répartis sur deux maxi week-ends gros comme un kebab post-soirée, sur 6 scènes, avec comme point d’orgue la venue de Metallica pour clore l’événement.
On ne vous parle même pas des 420 000 personnes attendues sur cette « 2 éditions en une ».

Pour faire face à l’afflux et éviter le stationnement sauvage dans la paisible bourgade de Clisson (à peine 7 000 habitants habituellement), les organisateurs ont ouvert deux parkings, dont l’un de 35 hectares (l’un des plus grands de France)… qui ont pourtant été rapidement complets dès le vendredi. Résultat : un troisième parking géant ouvrira pour le week-end prochain.

Des chiffres vertigineux qui risquent d’exploser un record devenu mythique au Hellfest : celui du nombre de bières ! Lors de la dernière édition, 440 000 litres de binouze avaient été écoulés. Nul doute que cette double ration de festival devrait faire augmenter la dose…

Chercher de l’ombre : deuxième activité après les concerts au Hellfest.

Sue, sue donc !

On ne va pas vous mentir : ce week-end au Hellfest aura été l’un des plus difficiles en 10 ans de pèlerinage pour notre part. Si le vendredi fut atrocement chaud, c’est le samedi que les flammes de l’enfer ont littéralement léché le site du festival.

Avec pareille météo, le Hellfest n’aura jamais aussi bien porté son nom…

Les 40°C ont été dépassés. Pour le ressenti, on devait plutôt être sur du 666°C. Une fournaise, une vraie. Et ce, dès le matin, les 33°C étant déjà largement de mise. De quoi nous mettre direct dans l’ambiance pour le concert de BRUTAL SPHINCTER (amis de la poésie, bonjour), du grindcore gruik gruik bien gras, fun et stupide, mais parfaitement maîtrisé. Idem du côté de AKTARUM, du folk metal – eux revendiquent l’étiquette « troll metal » – qui a mis l’ambiance dans une fosse déjà bouillante.

Bref, à midi, on avait déjà perdu environ 328 litres de sueur et 2 kg de gras par conséquent.

800 malaises

Le bonheur des brumisateurs géants, commandés en dernière minute…

Coup de chaud ! Alors que le vendredi avait déjà fait quelques victimes (rien de grave, on vous rassure) de l’écrasante chaleur, la canicule a envoyé 800 festivalier(e)s chez les secours, d’après un décompte samedi à  19 h.

Par chance, brumisateurs géants et murs d’eau ont été installés sur le site. Tout comme nos amis pompiers qui auront sauvé la vie de bien des gens dans le public, en les arrosant à coup de lance à canon (11 000 litres d’eau dans le gosier).

Les murs d’eau – ou « arches » – ont sauvé bien des festivalier(e)s…

Oui, mais côté musique ?

Ouais, c’est vrai ça ? Non, parce que malgré les températures infernales (qui, on vous le rappelle, ne sont pas du tout normales pour la saison…), la caliente était aussi et surtout sur scène. A ce petit jeu, les cultissimes SEPULTURA ont gagné haut la main. Pionniers du thrash metal brésilien, le groupe formé en 1984 a déboulé sur scène avec un « Arise » joué pied au plancher, transformant la scène Altar en folie totale et rajoutant quelques degrés supplémentaires (on en avait besoin, c’est vrai). Et on ne vous parle même pas du final composé de Refuse/Resist, Ratamahatta, Roots Bloody Roots. Outch.

Et ce ne sont pas les Norvégiens de KAMPFAR qui ont fait retomber la température non plus, avec leur black metal pourtant froid comme une forêt de Bergen. Dolk, le chanteur, fait le show à lui tout seul, nom du groupe tatoué sur le ventre, vêtu de son éternel perfecto et éructant dans le micro. Derrière, c’est riff guerrier sur riff guerrier, et ça tabasse à la double pédale.

« Tmv, c’est quiiii l’astrolooooogue stupide de ton journaaaal ? » (Aktarum, combo belge de passage le samedi)

Petite surprise, plutôt agréable, du côté de la scène principale où l’on avait loupé l’info de l’annulation des Dead Daisies (la chaleur nous a fait perdre quelques neurones)… mais remplacé par SOLDIER SIDE, un groupe de reprises de System of a down qui, malgré quelques erreurs de jeu et quelques fausses notes (personne n’est parfait, surtout pas nous), retranscrivent très fidèlement la musique des Arméniens. « On espère que vous n’êtes pas trop déçus de tomber finalement sur le System of a down de Wish ! », balancera même le frontman (on salue la vanne). Visiblement non, vu l’ambiance dans la foule ! Des classiques bien défendus et un retour dans le temps aussi agréable qu’une pizza 4 fromages : avouons, on a aimé !

Un petit mot également sur STEEL PANTHER : le groupe qui parodie le heavy metal des années 80 débarque sur scène à 19 h 25, heure à laquelle nous avons perdu 390 litres de sueur supplémentaires (à ce stade, notre ressemblance avec un phoque échoué est frappante).
Le show des Californiens, c’est 2398 vannes en-dessous de la ceinture, un humour « prout-nichons-braguette » beauf et millième degré, mais le public réagit au mélange hard rock et glam, maîtrisé il faut le dire (Satchel, sous les délires, manie très clairement la guitare, technicité y compris). Le tout, avec une énergie contagieuse. Reste que les bonhommes de Hollywood gagneraient à mieux répartir leur set, entre humour et musique (Sauf quand il s’agit, comme ce jour-là, de singer Ozzy Osbourne face à un public hilare. Là, avouons qu’on a BEAUCOUP ri).

Pour le reste de ce samedi, si EINHERJER n’a provoqué chez nous qu’un ennui poli (on est sympas, hein ? Les euphémismes, tout ça), ME & THAT MAN nous a mis la petite claque blues qui va bien (en vrai, c’est de la dark country, mais chut) avec son lot d’hymnes (« Blues & Cocaine » qui a fait chanter tout le chapiteau). Le leader, Nergal, connu aussi pour son groupe de black metal polonais satanique BEHEMOTH (bah ouais, on sait se diversifier dans le metal), a du charisme à revendre et tourne au muscadet alors qu’il fait environ 593049°C. Normal.
Enfin, RIVAL SONS prouve encore à quel point Jay Buchanan est l’un des meilleurs chanteurs du circuit (cette voix, bon sang, cette voix !). On appelle ça une claque.

La Préfecture avait conseillé de boire de l’eau, plutôt que de la bière.

Quand les vikings débarquent

« Le Hellfest, gngngn, de toute façon, c’est que du metal. » Eh bien oui, mais non. La preuve encore cette année, puisqu’un des concerts qui aura le plus dégagé d’intensité en ce samedi aura été celui de SKÁLD. Racontant les vikings et leurs poèmes, utilisant le chant des scaldes et du vieux norrois, à la frontière de la transe chamanique, le groupe, possédé sur scène via ce qu’il appelle des « chants », aura atomisé la scène Temple qui, pour le coup, aura parfaitement porté son nom.

Et ô miracle, c’est à ce moment-là, 23 h passées, que la température baisse et le vent arrive. Un signe de Thor, pour sûr…

Un petit mot pour l’Ukraine…

Impossible de ne pas faire une parenthèse sur un concert qui, certes, n’a pas eu lieu le samedi, mais le dimanche : JINJER a débarqué sur la Mainstage face à parterre surblindé. Il faut dire que les Ukrainiens, menés par l’hallucinante Tatiana Shmayluk, étaient attendus de pied ferme. Leur dernière tournée a été annulée, afin que le groupe prenne soin de sa famille durant la guerre.

Résultat : un show en béton armé et une foule solidaire, arborant drapeaux ukrainiens et même casquettes aux couleurs du pays. Classe, vraiment.

Texte et photos : Aurélien Germain (excepté photo Jinjer : capture écran Arte Concert)


> TMV retourne au Hellfest lors de la partie 2 de cette édition 2022. On vous ramène encore un compte-rendu en bonne et due forme à notre retour. Une fois qu’on aura dormi plus de 23 minutes d’affilée.