En Touraine comme ailleurs, l’homophobie progresse

Agressions physiques en hausse, idem pour les injures et insultes… En Touraine, des associations alertent face à une homophobie qui progresse.

Les faits

Six fois en moins de trois mois… Alors que mi-mai, le centre LGBTI de Touraine, à Tours, était victime d’un acte de vandalisme pour la cinquième fois, un individu a lancé une bouteille contenant un mélange explosif à l’intérieur du centre LGBTI de Touraine, ce lundi 22 mai. À peine quelques jours après que l’association SOS Homophobie a révélé son rapport annuel sur les LGBTI Phobies 2023. Une étude qui prouve que l’homophobie progresse…

Les agressions physiques ? En augmentation de 28 %. Et dans 60 % des cas, celles-ci sont accompagnées d’insultes et d’injures. Et la Touraine n’est pas épargnée.

« La situation de Tours reflète tout à fait ce qu’il se passe au niveau national, indiquait il y a peu Georges Ratineau, membre de la délégation Centre-Val de Loire de SOS Homophobie, dans les colonnes de la Nouvelle République. Nous sommes dans les mêmes proportions de chiffres de progression. »

Tours, LGBT friendly ?

Le constat est sans appel pour Georges Ratineau : « Tours est une ville de moins en moins accueillante pour les personnes LGBTI qui se sentent de plus en plus en insécurité. » D’après lui, le rapport montre bien que les appels de personnes en détresse absolue ne cesse d’augmenter. Il n’y en a jamais eu autant. Le délégué a confié avoir été lui-même victime de trois agressions à Tours. « Il y a ici une culture de rejet des LGBTI. »

Et ce ne sont pas les récentes dégradations du centre LGBTI de Tours qui vont aider. Boîtes aux lettres arrachées, serrures bouchées par de la colle, courrier déchiré, porte vitrée cassée… Les locaux ont tout subi, faisant maintenant craindre aux équipes et aux bénéficiaires des attaques physiques, ce qui a fini par se produire cette semaine.

Se mobiliser

Face à cet « ancrage de la violence contre les personnes LGBTI » en Touraine, Georges Ratineau et SOS Homophobie souhaitent une « nécessaire mobilisation » de tout le monde et « de vraies mesures prises par les pouvoirs publics ». A Tours, 300 élèves ont été sensibilisés en 2022, précise l’association qui a fait de même avec 1 200 élèves dans la Région.

Elle aimerait également des formations plus poussées au sein des commissariats et des administrations.

Aurélien Germain / Photo : archives NR

> À noter aussi que l’édition 2023 de la Semaine des fiertés aura lieu du 12 au 18 juin. Comme d’habitude, le moment-clé sera la Marche des fiertés. Celle-ci aura lieu le 17 juin.

 

Mariage et homophobie

A l’approche de la Gay Pride et après huit mois de débat autour du mariage pour tous, les associations LGBT déplorent la hausse des témoignages d’actes homophobes.

ACTU_PAP_HOMOPHOBIEA quelques jours de la Gay Pride (samedi 25 mai à Tours), Jérémy Coquereau détaille les appels et les témoignages reçus depuis huit mois. Le co-président du centre inter-LGBT de Touraine annonce une forte hausse des visites au local de l’association. « Entre janvier et avril, nous en avons eu près de 130. D’habitude, on est sur une moyenne de 150 par an », indique-t-il.
Une recrudescence à mettre en parallèle avec le rapport annuel de SOS homophobie, publié le 14 mai. Les actes homophobes ont bondi de 27 % en 2012, selon le document de l’association, qui y voit une conséquence directe du débat autour du projet de loi sur le mariage pour tous.
La longueur des débats et la virulence d’une opposition exacerbée chez les groupuscules d’extrême-droite ont renforcé cette ambiance, selon les associations. Insultes, slogans violents lors des manifestations, peur de se tenir la main dans la rue. Le président de l’inter-LGBT admet qu’il n’y a pas eu de dépôt de plainte à Tours pour des actes homophobes. « Mais, insiste-t-il, il y a un climat délétère. Encore plus que pour l’adoption du PACS ».
« Depuis le début de notre mouvement, nous combattons l’homophobie », rappelle Patrick Ménard, responsable de la section Indre-et- Loire de la Manif pour tous regroupant les opposants au mariage pour tous. Sur l’augmentation des témoignages d’actes homophobe, il reste circonspect. « Il faut faire attention aux pourcentages, on n’est pas dans des quantités extraordinaires. Personnellement, je n’entends aucune parole de ce genre », élude-t-il. Pour lui, une pancarte « On veut du boulot, pas du mariage homo », ne rejette pas les homosexuels. « Sans présumer des pulsions homophobes de leurs auteurs, les slogans des manifestations étaient a minima hétérosexistes puisqu’ils établissaient une hiérarchie entre les sexualités », pointe de son côté Arnaud Lerch, sociologue et co-auteur d’une Sociologie de l’homosexualité (La Découverte).
La loi validée par la Conseil constitutionnel vendredi dernier, le premier mariage entre personnes de même sexe aura lieu le 29 mai, à Montpellier. L’occasion de faire baisser la tension. « On espère que ce pic d’insultes va retomber et que le projet de loi permettra une plus grande acceptation », souhaite Jérémy Coquereau. Au moins jusqu’à ce que la question de l’assistance à la procréation médicale (PMA) pour les couples homosexuels revienne sur le tapis.