A l’Atelier d’Offard, Simon Florent est l’orfèvre du papier peint

#VisMaVille Simon Florent est « dominotier » ou imprimeur à la planche de papiers peints à l’Atelier d’Offard de Tours. Depuis huit ans, il y développe son goût pour l’artisanat et l’histoire.

Minutieusement, il déroule son papier peint sur 300 mètres linéaires, y imprime les nuances de vert à l’aide de sa planche faite sur mesure, aidé par Hardy. Simon Florent, le chef d’atelier, est en mode concentré. Dans l’atelier d’Offard, situé en haut de la Tranchée, à Tours Nord, le travail se déroule en silence cet après-midi-là pour les cinq artisans d’art, sur fond musical.

L’entreprise est singulière dans le paysage tourangeau et même français : elles ne sont qu’une poignée à perpétuer le savoir-faire des papiers peints à la planche des grandes manufactures des XVIII et XIXe siècles, par les « dominotiers ».

Ici l’impression se déroule par superposition de couleurs planche après planche, les cylindres n’ont pas droit au chapitre. « Nous reproduisons fidèlement des modèles historiques avec du neuf, explique Simon Florent. Dans 80 % des cas, tout part d’un vieux document décollé envoyé par le client et nous le restaurons à l’identique. »

Pour cela, l’atelier redessine le modèle sur informatique puis crée des plaques en résine sur-mesure. « La planche de gaufrage permet de donner du relief au papier, détaille le jeune chef d’atelier de 31 ans. Nous avons entre 400 et 500 références de ces planches, nous recréons nous-mêmes les couleurs à partir des échantillons et nuanciers. » Au final, il en ressort une qualité picturale et d’impression visible.

« Avec cette technique on a aussi la liberté d’aller chercher des effets de matière, s’amuser à aller chercher un grain particulier » assure Simon Florent. Lui a commencé comme menuisier-ébéniste avant d’intégrer, en 2016, l’atelier d’Offard. « Je suis l’un des plus vieux ici », sourit-il. Chacun maîtrise la fabrication du papier peint de A à Z, il n’y a pas de poste fixe ni de journée type, même si Simon dit pouvoir rester quelques jours coincé derrière la presse. C’est un travail physique, qui demande de l’énergie et une passion certaine pour l’art.

« Je m’éclate surtout avec les commandes des monuments historiques, précise-t-il, dépliant une copie de tenture tissée en velours rouge du XVIIIe siècle. Réaliser le décor du château de Fontainebleau ou de maisons illustres est à la fois classique et intemporel. À l’époque, ils n’étaient pas timides sur les couleurs. On aurait tendance à vieillir les reconstitutions, à ne pas assez doser la couleur, mais c’est une erreur. Cela je l’ai appris aux côtés de François Xavier (F-X. Richard, le fondateur et patron de l’Atelier d’Offard). »

Autre satisfaction du métier : « nous avons la chance d’être à l’embryon du projet jusqu’à la finalisation. Lorsque l’on intervient sur le chantier final pour poser le papier, on se rend compte de la globalité du projet, ce pour quoi on le fait. On arrive parfois dans des décors incroyables. Je me souviens notamment de de la Villa Laurens à Agde qui était assez dingue, comme une villa romaine. C’est émouvant », conclut Simon Florent.

Texte et photos : Aurélie Dunouau