Vous pouvez avoir plein de raisons de détourner le regard au restaurant : votre vis-à-vis vous ennuie à mourir, votre voisin est trop bruyant et vous avez envie de le claquer, le serveur (ou la serveuse) vous plaît. Depuis le 4 avril, le Rive Gauche propose une autre option, un brin plus avouable, en accueillant Le Retour du prin-temps, une exposition des oeuvres de Marion Franzini, plasticienne de 31 ans, diplômée de l’école des Beaux-Arts de Tours. Mais, admirer des tableaux entre une bouchée de parmentier de canard et une gorgée de chinon, est-ce bien conseillé ? Le procédé est plutôt courant : des artistes y trouvent un moyen de montrer (et parfois de vendre) leur talent et les restaurateurs, eux, y voient une façon de varier leur déco et, surtout, de donner un supplément d’âme à leur salle. « C’est la première fois que j’accepte d’exposer dans un restaurant, j’avais toujours refusé par le passé. Mais là, j’ai senti une réelle compréhension de mon travail », explique l’artiste.
Juliette Chenneveau, la gérante du Rive Gauche, parle d’un coup de coeur : « J’ai été d’emblée séduite par son style. Et quand je regarde mes trois salles, j’ai l’impression que tout a été fait sur mesure et que les tableaux ont toujours été là ». Aucune oeuvre n’a été créée pour l’occasion. « J’ai observé le lieu et ramené des peintures datant de 2007 à 2013 », abonde Marion Franzini. Les courbes fines de ses tableaux épousent délicatement le décor cosy du Rive Gauche. Au fil des « Curiosités » posées sur des étagères ou des diptyques accrochés au mur, on remarque des tons dynamiques. Du vert, du orange. Des teintes printanières. La sauce prend aussi dans les assiettes de Pierre-André Dupin, le chef cuisinier de 29 ans, qui aime jouer avec les couleurs et les formes.
Sur les murs, on cherche à faire des liens entre les plats, le printemps et les figures variées apparaissant dans ses tableaux. « On peut y voir quelque chose de végétal. On voulait quelque chose dans ce ton pour coller avec notre nouvelle carte », glisse Juliette Chenneveau. « Mais la lecture est multiple avec l’art abstrait », précise Marion Franzini. On a vu des oeufs dans les formes ovales. Des tulipes ou des asperges dans les longues tiges. Et vous ? Un conseil : ne levez pas la tête trop longtemps non plus, sinon votre filet de boeuf risque de refroidir.
Guillaume Vénétitay
Expo : le printemps passe…
Garnir les murs avec des oeuvres évoquant la nouvelle saison : un pari osé, relevé par Marion Franzini.