Intemporelle Ubiquité : de Mickey Dread à la Musique Ancienne

Chaque semaine, Doc Pilot nous régale de sa chronique culture.

Patrick Chamblas
Weeding Dub & Channel One Sound System au Temps Machine
Fiesta Smalla au Temps Machine, fiesta du son et des soundsystems reggae/dub. Accueil dans le club avec les acteurs maison de la Connection, mise en bouche assez nécessaire pour s’oublier un peu et se croire dans la chaleur et la fumée pour partir goûter sans barrières au set de Weeding Dub : une glissade créative dans le rythme serré habilement découpé aux effets, où comment tenter de faire du vieux avec du neuf, d’approcher la tradition au travers d’une technique des années 10, assez capricieuse semble-t-il (plusieurs fois en cours de set, l’ordi stoppe dans le vif de la bande-son)… C’est bien, agréable, surprenant parfois, le doux état grippal dans lequel je flotte très en accord avec le feeling ambiant… Après une pause très animée dans le Club retour à la Grande scène… Mickey Dread dans son Channel One Sound System me lasse vite ; nous sommes face à une légende, oui mais… L’homme et son compère représente une époque, une culture, un peu de l’histoire de la fin des seventies où punk et dub se mélangeaient dans l’underground londonien qui bientôt allait conquérir le monde (Anne « Pam Pam » Guillaud d’X ray pop en fut témoin). L’homme nous balance un discours de vieux gourou avant de poser des galettes sur sa platine ; on se croirait dans un film avec le public pour figurants. Je n’arrive pas à rentrer dans le son, à onduler du corps et de l’esprit, et comme je n’ai pas l’habitude ni l’envie de me forcer à participer, je me casse. Ceux qui sont restés vous raconteront.
Patrick Chamblas en concert au Bartok
Je viens de découvrir son album « Né dans un Piano », un disque pour enfants tellement parfait dans ses arrangements et ses compositions qu’il en vient à dépasser sa cible. A l’instar d’un Steve Waring, nous sommes en présence d’un artiste capable de réjouir les enfants comme les parents : le bon plan pour ces derniers ; cette production discographique me rappelle William Sheller… A la scène et seul au piano, c’est à Nougaro que je pense voire à Gotainer, la voix épaulée par un jeu pianistique hors du commun dans ce style de domaine. Cette capacité de concertiste appelle le respect mais aussi la curiosité, je le suppose des enfants aux yeux fixés sur les doigts. Là, à froid dans un lieu sympa mais exigu, c’est une performance d’ainsi embarquer son auditoire, de lui faire rapidement mémoriser des textes et générer une joie interactive, un peu à la manière de M dans ses premières tournées.  « Né dans un piano » , « Je suis dans la Lune » et « Pas d’panique » sont de futurs standards
Free Market, Salle des Halles
Le Free Market nous soigne du marché de noël ; on y retrouve les créatifs, les dissidents, les inspirés, de la bonne musique. L’ambiance rock-psyché donne l’impression d’entrer sur un festival, la surprise des œuvres présentées donne celle de naviguer dans une galerie d’art. Surveillé par les chiens blancs de T.Léo, on mate des trucs, on essaye, on achète des futurs cadeaux bizarres pour offrir à Mémé… Allez je prends un t shirt de Fred le Chevalier pour le porter demain à Tvtours ; dommage je sors du coiffeur sinon j’aurais tenté celui du lieu.
Anne Delafosse-Quentin en Arcades Institute
Dernier concert de musique ancienne de l’année 2014 sous les voûtes de l’an 1000, la pointe du diamant et La Femme en cette session ; la femme en l’artiste, exceptionnelle, époustouflante de virtuosité et d’incarnation intime de ces murmures des siècles passés, la femme en ce répertoire de chansons “ de femmes ” du XIIe au XVe siècle. Anne Delafosse-Quentin de sa voix porte témoignage d’un temps où la Femme a vécu l’abandon des hommes partis aux Croisades, d’un autre temps où la sensualité suggérée s’assumait sans contrainte.  Je l’avoue, je n’ai pas les codes, je suis vierge face à ce style et à ce répertoire et le déguste sans a priori, sans référence, et j’aime ça, j’en redemande.
Laurent Bouro à La Laverie à La Riche
Nouvelle étape pour l’artiste, l’impression au spectacle des œuvres exposées de le voir hésiter entre diverses inspirations possibles, diverses pistes et possibilités aussi fécondes que techniques. Il est bon parfois de brimer sa subjectivité envahissante, de questionner les visiteurs présents et de leur demander leurs avis : et bien il y en a pour tous les goûts, chacun posant ses affinités électives sur les divers sujets proposés sans réellement argumenter leur choix. J’avoue craquer pour son travail sur le métal, la force du grain mélangé à la force du trait, la présence de l’humain mariée aux atomes de la machine, cette imprégnation de l’âme en l’objet, confirmée par le medium telle une transfusion impossible sans respect pour les règles des Rhésus. Près des fours centenaires de ce lieu atypique se tient un culte païen aux humanoïdes de feu et de fer ; pas d’avion-cargo en cette affaire, mais un peuple de sang et de rouille, une nouvelle étape en l’évolution. Dans ce Bouro se cache un transfuge malin de Darwin.