« La Touraine est une terre de business »

Président de l’association Palo Altours et fondateur du HQ, Julien Dargaisse est un acteur clé du numérique et de l’innovation à Tours. Son souhait : servir de rampe de lancement pour dynamiser le territoire.

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Quelles sont vos différentes activités dans le domaine du numérique ?
J’ai créé une start-up spécialisée dans le recrutement par entretien vidéo automatisé, InterviewApp. J’ai également une autre start-up de conseil en innovation. Puis j’ai fondé Palo Altours en 2012, une association qui fait vivre l’écosystème numérique à Tours. Avant de créer HQ , j’avais des locaux près de la cathédrale et de la place libre dans lesquels j’ai mis des bureaux à disposition de jeunes startupers, essentiellement dans le numérique. Il y a eu une très forte demande et j’ai dû refuser du monde. Aujourd’hui j’ai plein d’autres projets, comme une application mobile avec le CHU.

Pourquoi créer des espaces de coworking à Tours ?
Il y a une très forte demande. Pour le HQ , qui ouvrira en février, nous avons déjà 300 % de pré-réservations et nous allons devoir sélectionner les entreprises candidates. Mais nous voulons aussi dynamiser le territoire. Plus on créé d’espaces de ce type, plus la Touraine sera dynamique. Quand on est à Paris, il y a des espaces de coworking à tous les coins de rue. Mais à Tours, il n’y a rien de tout ça. Il n’y a rien de formalisé, de structuré, mis à part quelques personnes qui proposent deux ou trois bureaux. Donc proposer 1000 m2 d’espace place Jean-Jaurès, c’est plutôt pas mal.

Pourquoi avez-vous choisi Tours ?
J’ai fait mes études à l’Escem (École supérieure de commerce et de management), à Tours. D’où l’importance d’avoir une école sur un territoire ! Ça aide à faire revenir les anciens élèves. C’est un point d’ancrage intéressant, on a déjà un réseau. Et la Touraine est une terre de business, on a la gare à côté, on est à une heure de Paris. J’espère que HQ sera une rampe de lancement pour développer les start-up et le numérique à Tours. J’aimerais que ça attire d’autres espaces de coworking.

Propos recueillis par Clément Argoud (étudiant à l’EPJT)

Visite de la Cantine numérique

La cantine numérique, c’est un espace de co-working pour tous les professionnels des nouvelles technologies. En attendant son ouverture édbut 2013, visite guidée avec tmv.

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Fauteuils design, tables de travail, portemanteau, banquettes… tout le mobilier de la nouvelle cantine numérique tourangelle est installé depuis quelques jours. La Cantine numérique ? C’est un espace de travail partagé, où les professionnels du web peuvent louer un bureau à la journée.
Ce concept nous vient tout droit de Californie. Dans la Silicon Valley, les cantines numériques sont nombreuses. « Pour comprendre l’esprit d’une cantine numérique, prenons l’exemple de Google, explique Julien Dargaisse, un des initiateurs du projet et patron du réseau social Buzzleme. Quand un salarié signe un contrat chez eux, il s’engage à dédier 20 % de son temps à des projets personnels. Il doit passer une partie de ce temps à l’extérieur de Google, dans une cantine numérique principalement. Dans cet endroit, l’employé va rencontrer d’autres ingénieurs, des graphistes, des développeurs web, des journalistes. Bref, des professionnels d’autres entreprises. En même temps qu’il travaille, il va pouvoir créer des liens, échanger des façons de faire, initier de nouveaux projets. » Cet environnement stimulant bénéficie à tout le monde. Les entreprises se tiennent au courant des tendances et leurs employés se forment mutuellement. Au final, cette mutualisation des énergies rejaillit sur l’ensemble du secteur.

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En France, il existe aujourd’hui plusieurs dizaines lieux comme celui qui va ouvrir à Tours. Mais, seuls Nantes, Toulouse, Toulon etRennes possèdent le label Cantine numérique initié par celle de Paris. Tours est en passe de l’obtenir et bénéficier du réseau.
À Nantes, la cantine est une véritable réussite. Depuis sa création en 2011, ses membres ont organisé plus de 200 événements et accueillent des centaines d’acteurs locaux du monde numérique dans l’espace de co-working. « Les premiers mois, nous avons même été surpris de ce succès, se rappelle Magali Olivier, la chef de projet de la cantine nantaise. Il y avait un énorme vivier d’entrepreneurs et de professionnels du numérique. Mais ils n’étaient pas forcément visibles. La Cantine a permis de les fédérer et de leur donner une visibilité. Plusieurs start-up ont été créées dans notre cantine et de nombreux projets concrets sont nés ici. »
C’est en 2011 que tout commence dans la capitale tourangelle. Julien Dargaisse, Julien Gomez et Matthieu Siteau créent l’association Palo Altours, en référence à une ville californienne située dans la Silicon Valley. Avec ce projet de Cantine numérique, ils font le tour des collectivités territoriales. La chance leur sourit très vite. Leur idée correspond exactement au besoin de l’agglomération de développer l’économie numérique. Tour(s)plus est justement en train de faire construire un nouveau bâtiment au Sanitas et leur propose d’occuper le premier étage. « Depuis plusieurs années, nous essayons d’investir dans les technologies d’avenir, précise Valérie Sécheret, en charge du développement économique de Tour(s)plus. Ce projet a séduit les acteurs publics. Pour moi, cette cantine numérique joue le rôle de révélateur d’un mouvement de fond qui traverse Tours depuis quelques années. Aujourd’hui, des projets comme celui-ci mettent à jour ce nouveau souffle économique que connaît la ville. »
À Tours, tout le monde est unanime sur la future cantine numérique. « Elle va accompagner le développement du numérique, s’enthousiasme Julien Dargaisse. La France et la région Centre sont très en retard dans ce domaine. C’est un moyen de combler le fossé. »

Ces jeunes qui vont changer Tours

Ils n’ont pas trente ans, ils s’engagent, ils ont des idées et ils sont passionnés. Portrait de huit jeunes tourangeaux en devenir.

Ces huit-là n’ont pas trente ans mais ils ont des idées et ils sont passionnés, alors ils s’engagent. Portrait de ces Tourangeaux en devenir.


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Julien Dargaisse, 26 ans : Entrepreneur 2.0

Julien Dargaisse (Photo tmv)

Il pourrait bien être le Steve Jobs de demain. C’est exagéré ? En tout cas, il a le profil : souriant, commercial, intelligent et dévoué à 100% à sa jeune entreprise web et à ses projets de développer l’économie numérique à Tours. Julien a lancé BuzzleMe courant avril, un nouveau réseau social, et, aujourd’hui, il commence à faire sérieusement parler de lui pour son projet de cantine numérique. Kesako? Très populaire aux États-Unis, une « cantine » c’est un lieu convivial où chacun peut travailler en louant le droit d’accès à l’espace pour la journée. Le but étant de rassembler des personnes avec des compétences différentes pour qu’elles se parlent, échangent, créent des projets ou simplement travaillent dans un cadre « détente », un peu à la manière de Google. Pour Julien, « il fait bon vivre à Tours et c’est tout près de Paris : c’est une ville parfaite pour installer sa start-up ». Tours, future Silicon Valley à la française, il y croit. Il a même posé la première pierre.

Rémi, 25 ans et Isadora, 24 ans : Flatteurs de papilles

Two Be Café (Photo tmv)

Un bar à desserts ? Qu’est-ce que c’est que ça? C’est l’idée un peu folle de Rémi et Isadora. Dans la ville qui a fait classer le repas gastronomique au patrimoine mondial de l’Unesco, cité du bon goût et de la tradition, ils ont décidé de ne proposer qu’une partie de repas à leurs clients, juste la fin : le dessert et le café. Et, comme la jeunesse ne manque pas d’audace, ils louent leurs murs à l’Institut du goût, juste derrière le Vinci, pierre taillée et poutres apparentes au menu. Au Two Be Café, on s’installe sur leurs belles chaises ou dans leurs larges canapés, on choisit son café ou son thé, son dessert (gastronomique ou plus simple), on feuillette tmv, on bavarde et on reste autant que l’on veut. C’est bizarre, mais ça marche…

Lucie Brisson, 25 ans : Chercheuse (qui le vaut bien)

Lucie Brisson (Photo tmv)

Elle ne voit pas bien ce qu’elle aurait pu faire d’autre, Lucie… Poser des hypothèses, aller « à la paillasse » (comme elle dit), mettre des trucs tout petits dans des tubes pour voir si elle avait raison, secouer le tout, attendre, resecouer, analyser, c’est toute sa vie. C’est de la bio, c’est de la recherche fondamentale. Et ça sert, en gros, à savoir comment les métastases du cancer se forment dans l’organisme. C’est là-dessus qu’elle travaille pour le moment, Lucie. Sur le cancer du sein, en particulier. Elle ne sait pas trop si tout cela trouvera une traduction concrète un jour, mais comme L’Oréal vient de lui attribuer sa prestigieuse bourse, on peut se dire que ses recherches ne doivent pas être complètement inutiles… Et elle, pas totalement dénuée de talent…

Pépiang Toufdy, 24 ans : Agitateur de culture urbaine

Pepiang Toufdy (Photo tmv)

Son truc, c’est d’amener la culture aux jeunes qui souvent n’y ont pas accès. Brillant, motivé et plein de projets, Pepiang fédère autour de lui et grâce à son association, Prod’cité, beaucoup de ses copains du Sanitas et pas mal de jeunes du quartier. Musicien tchadien, il est arrivé en France pour jouer avec son groupe Pyramide. Puis, il s’est installé au Sanitas, donc. Il s’est alors procuré une caméra, a tourné son premier film et gagné, en 2008, le concours Envie d’agir. Depuis, Pepiang Toufdy ne s’arrête plus. Il aide les groupes locaux à trouver des dates, met à disposition un local de répétition et a monté le festival Imag’in. Mais surtout, il continue son travail de réalisateur et vient de tourner un nouveau film qui raconte l’esclavage moderne d’une jeune tchadienne installée en France. Pepiang bouillonne, tourbillonne et entraîne avec lui une bonne partie de la jeunesse tourangelle.

Chill Bump, 28 ans : Groupe de hip-hop discret et hype

Chill Bump (Photo dr)

Faire du rap old school sans renier la Touraine ? Chill Bump l’a fait. En plus, c’est super-classe. Amis de longue date, les grands-mères de Miscellaneous (à droite sur la photo) et Bankal étaient voisines. Leurs mamans se connaissaient déjà avant qu’ils se mettent à rapper ensemble pour la première fois au collège, à Amboise. Après s’être forgés séparément une expérience dans le scratch et le rap, les deux compères se sont recroisés pendant une soirée à Tours. Déclic, Chill Bump est né. Le clip de leur premier morceau Lost in the sound (tourné rue Colbert !) est sorti en novembre dernier et a déjà été vu plus de 20 000 fois sur le net. Aujourd’hui, ils accumulent les compositions pour pouvoir commencer à faire des concerts d’ici cet été. Et si 2012 était placée sous le signe du hip-hop de Chill Bump plutôt que celui de la fin du monde ?

Marie Keruhel, 30 ans : Militante du naturel

Marie Keruhel (Photo tmv)

Petite, elle voulait sauver le monde, donner de quoi manger à toute la Terre. Aujourd’hui, elle tente de réintroduire la nature à Tours. Si déjà, elle arrive à faire changer les mentalités et les pratiques alimentaires des citadins, elle aura gagné. Créée l’année dernière, son association Biodivercity installe des ruches et des jardins partagés à Tours et dans l’agglomération. L’idée, c’est que les urbains se réapproprient la terre pour qu’ils accordent plus attention à ce qu’ils mangent. Marie et son association se développent jardin par jardin, ruche par ruche. En 2012, tous ses projets devraient se concrétiser. Elle en a d’ailleurs plusieurs à mettre en place pour Val Touraine Habitat, le bailleur social local.

Tiffany Descormiers, 18 ans : Reine de l’évasion

Tiffany Descormiers (Photo tmv)

On ne part pas tous avec les mêmes chances dans la vie. Elle le sait bien, Tiffany. Familles explosées, parcours scolaires en morceau… Elle sait bien d’où viennent les détenus de la maison d’arrêt. Depuis un moment déjà, avec l’association Genepi, elle donne des cours d’alphabétisation à ceux qui ne parlent pas français. Mais aujourd’hui, elle veut aller plus loin. Elle veut créer, derrière les barreaux, des ateliers d’improvisation théâtrale pour les détenus qui le demandent. « Beaucoup de personnes ont tendance à se blinder, en prison, à se renfermer. Exprimer les sentiments, c’est une des choses les plus difficiles dans ce contexte. L’impro, je pense que ça pourrait les aider », explique-t-elle. Elle a convaincu deux comédiens, elle a le soutien des intervenants en milieu carcéral et l’accord de l’administration pénitentiaire. Reste le financement : 1 000 € pour la première cession. Autant dire rien. Trop apparemment pour lui accorder une subvention…