Création d'entreprise : et les femmes alors ?

Oser se lancer, gérer sa vie familiale, se libérer du machisme… tant d’étapes à surpasser pour les femmes qui désirent entreprendre. Trêve d’hésitations ! C’est possible et ça marche plutôt bien ! Témoignages…

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Oser se lancer, gérer sa vie familiale, se libérer du machisme… tant d’étapes à surpasser pour les femmes qui désirent entreprendre. Trêve d’hésitations ! C’est possible et ça marche plutôt bien ! Témoignages
 
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VIE FAMILIALE : C’EST POSSIBLE
Construire une famille en même temps que de construire une entreprise ? Les hommes le font bien, non ? C’est pourtant tout un programme pour les femmes qui d’après l’Observatoire des inégalités consacrent en moyenne (weekends compris) près de 4 heures par jour aux tâches domestiques contre 2 heures et demie pour les hommes. « Celle qui y arrivent sont celles dont les conjoints les soutiennent moralement et financièrement », affirme Laurence Hervé. Comme Marie-Ange, qui salue son mari, bienveillant à son égard, contrairement aux conjoints d’autres amies entrepreneuses qui ne croyaient pas en leur femmes. « Leurs affaires ont rapidement splitté, moi, si je n’avais pas eu ma famille derrière moi ce n’était pas la peine de se lancer. Quant à mes enfants, ils sont adolescents, ils ont besoin de moins d’attention, et lorsque c’est le cas, je m’arrange pour être là. » Car l’avantage, lorsqu’on est son propre chef, c’est qu’on fixe ses propres règles et ses horaires ! « On peut adapter son rythme à la vie, précise Laurence Hervé. Moi je me suis permise de faire rentrer un bout de vie privée dans mon entreprise, au sein de laquelle j’allaitais mon enfant. Mes salariées aussi le font ! ». D’autres préfèrent travailler chez elles pour concilier leur business au bien être de leur enfant « je peux mettre de coté mes affaires pour les accompagnements en voiture le mercredi après midi, et je vais souvent sur le terrain ou à des réunions, je ne suis pas coupée du monde », témoigne Barbara Chaminade, mère de deux enfants.
DOS_PION 2OSEZ ! VOUS ETES LEGITIMES !
Par crainte d’être remises en cause, les femmes s’arment davantage que les hommes avant de se lancer. « Ce besoin de légitimité, les femmes le comblent par leurs formations ou leurs expériences sur le terrain, c’est pour cela qu’elles commencent moins jeunes que les hommes », constate Laurence Hervé, présidente de la délégation tourangelle de Femmes 3000. Marie-Ange Zorroche, 41 ans, a créé deux entreprises d’aide aux parents il y a un an, elle témoigne : « j’ai ressentis le besoin d’obtenir les diplômes qui convenaient. J’ai tendance à y faire souvent référence, comme si je me justifiais. » En plus des diplômes, c’est en étant sûres de leur compétences qu’elles veulent entrer dans l’arène. « Lorsque j’ai voulu me lancer, j’avais deux idées à la base : soit partir de ma passion et proposer des cours de coutures, soit, m’appuyer sur mon savoir-faire due à mon expérience de commerciale en proposant mes services aux entreprises. J’ai choisi la seconde activité, c’était plus réaliste, je me sentais plus confiante », se souvient Barbara, qui fête les deux ans de son entreprise. On retrouve ce besoin de légitimité dans le choix des secteurs d’activités. Bien-être, enfance, aide aux particuliers, les femmes ont tendance à aller vers les domaines qu’on prête « culturellement » aux compétences « féminines » : l’écoute, l’empathie, l’éducation. D’où le déficit féminin dans les métiers de la technique. D’une manière générale, les femmes fournissent plus d’effort pour monter leur business. L’effort numéro un étant de se permettre d’oser. « Et même lorsque l’on s’y autorise, nous avons a besoin qu’on nous rassure avant d’y aller », conclut Marie-Ange Zorroche. Car le manque de reconnaissance et de confiance ne vient pas uniquement de l’extérieur, ils sont ancrés dans la tête des femmes elle-même. « C’est en voyant des exemples de femmes qui réussissent dans les médias ou en les rencontrant dans les forums comme celui de Femmes 3000, qu’on se dit « pourquoi pas moi » », constate Laurence Hervé.
DOS_PION 2SE LIBERER (UN PEU) DU MACHISME AMBIANT
« Depuis que je suis à la tête de mon entreprise, je n’ai plus affaire aux réflexions machistes », raconte Marie-Ange, anciennement salariée dans le milieu sportif. Maintenant qu’elle exerce dans un domaine qu’on prétend féminin, l’éducation des enfants, la tendance s’inverse : les clients préfèrent avoir affaire à une femme. « Une des motivations des femmes pour créer leurs entreprises est de se libérer des carcans traditionnels et sexistes de certains organismes », analyse Typhaine Lebègue, spécialiste de l’entrepreunariat féminin. Selon elle, vu que l’entrepreneuse choisit son domaine de prédilection ainsi que son environnement de travail, elle arrive à se dégager des relations machistes qu’elle pourrait vivre ailleurs. C’est exactement dans ce but que Barbara Chaminade a crée sa propre activité, en quittant à 41 ans le groupe où elle exerçait en tant que salariée. « J’en avais marre des rapports machos avec mes patrons et des façons de faire inacceptables dans la vie quotidienne. Je voulais être prise au sérieux en arrêtant de prouver sans cesse que je suis capable parce que je suis une femme. J’avais envie de crier haut et fort : je suis une pro, j’ai fait des études, et j’ai l’expérience du terrain, laissez moi faire mon travail !». Bien que l’émancipation puisse être la solution, elle n’est pas le remède à tout, notamment lorsqu’on est patronne dans un secteur d’hommes… Comme Anne Courrier, 48 ans, à la tête d’une entreprise de bâches de camion à Chinon. «  Les remarques à mon encontre sont tellement courantes que je ne les relève plus maintenant. C’est surtout sur le physique, ou alors on a peur que je ne comprenne pas une explication technique. J’ai parfois l’impression, en tant que femme à la tête d’une entreprise, d’être attendu à chaque virage. Il ne faut pas se laisser faire et être confiante de ce que l’on est ! » Pour Marie-Anne Vivanco, pourtant chef d’une entreprise d’électricité, être une femme a cela dit des avantages dans le monde des affaires : «  je trouve que les hommes ont tendance à vouloir moins contrarier une femme, la négociation est plus simple, alors qu’entre deux hommes c’est plus brutal !»