Accords mets-vins : et si on changeait tout ?

Il n’y a pas de règle absolue en matière d’accord mets-vins (sauf celle de se faire plaisir), mais il y a quand même des habitudes et pas mal d’idées reçues. Avec Jérôme Boudin et Philippe Faivre, sommeliers-cavistes à Tours, essayons de dépoussiérer tout ça…

À l’apéritif

UN MONTLOUIS OU UN VOUVRAY SEC

Si on veut changer de la bulle (même si, en Touraine, nous avons de merveilleuses bulles), on peut partir sur un vin blanc sec, fruité, arômatique. Par exemple un montlouis, chez Damien Moyer. Sa cuvée La Source, en chenin, est travaillée à la fois en sec et en bulle extra- brut. C’est sec sans être agressif et ceux qui préfèrent la bulle pourront boire le même vin.

UN GIN’TO

Le Gin a vraiment fait sa révolution depuis 15 ans. Aujourd’hui, on est capables de proposer 30 Gin différents à nos clients. Signe d’une grande variété. Par exemple, le Gin Decroix, qui fait aussi un excellent cognac, en bio. Vous associez ça avec un tonic de qualité, type Archibald et c’est le paradis !


En entrée

SAINT-JACQUES SNACKÉES AU GINGEMBRE

Là, on pourrait partir sur l’Alsace qui, comme la Loire a évolué de façon remarquable. Par exemple, un Sylvaner sec, issu de ces parcelles replantées il y a quinze ou vingt ans, sur ce qui était autrefois de belles parcelles de Riesling.

LE FOIE GRAS

Pourquoi ne pas aller vers un blanc sec ? Par exemple, une belle cuvée de muscadet, bien travaillée. Sec et aromatique, c’est tout ce dont on a besoin pour équilibrer le gras.

TAJINE D’AGNEAU AUX POIRES

On pourrait aller sur une belle Syrah (oui, c’est un cépage féminin ;-)), par exemple dans le nord du Rhône, en Croze-Hermitage. On sera sur un vin fruité, sans être trop costaud, parce qu’on a besoin d’alléger le plat et d’équilibrer les saveurs.

POT AU FEU DE LA MER

On peut rester dans le Rhône, mais en blanc. On pourrait aller voir, par exemple, du côté de Saint-Péray, une appellation encore peu connue, mais très intéressante.


Avec le fromage

Blanc et fromage, c’est devenu la norme. Aujourd’hui, le twist, ça peut être de proposer du rouge sur du fromage mais, dans ce cas, ne sortons pas le vieux flacon, le grand cru qui attend dans cave depuis 20 ans. Apportons de la jeunesse et de la fraîcheur, quelle que soit l’appellation. Et, c’est là le moment de souligner que la Loire a bien évolué et a toute sa place ici. Par exemple, avec l’appellation Amboise, chez Xavier Weisskopf. Si on veut vraiment sortir des sentiers battus, on pourrait imaginer un cidre de Normandie sur le Camembert et une bière d’abbaye sur un Maroille.


Au dessert

DESSERT CHOCOLAT

On peut partir sur un Maury, un Banyuls ou un Rivesaltes. Ou, dans le même esprit, un excellent porto Tawny qui sera mieux là qu’à l’apéritif.

DESSERT AU FRUIT

Là, on a le choix. Soit la bulle pour finir en finesse, soit un moelleux en chenin, en Alsace ou Jurançon où l’on trouve des choses fantastiques.


*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

Quand Julie Pâtisse : du blog aux fourneaux

On connaissait son blog… Mais Quand Julie Pâtisse, elle se met aussi aux fourneaux. On a testé son atelier-restaurant aux Prébendes.

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Les arbres en fleurs, le soleil qui pointe le bout de son nez… Oui ! Le Printemps est arrivé ! C’est donc au jardin des Prébendes que nous allons profiter de cette belle saison. Depuis maintenant quatre mois, la blogueuse tourangelle Julie a repris avec son frère Xavier le coin restauration situé près de la rue Roger-Salengro.

Chez « Quand Julie pâtisse – l’Atelier », comme le site qui a fait connaître les talents de la jeune femme de 27 ans. On peut grignoter des chouquettes, déguster des plats sur place ou à emporter, ou tout simplement faire une pause-café en terrasse. Le midi, Julie propose des plats du jour variés, changeant au gré des saisons et des envies.

Ce midi, une jolie salade de quinoa avec des pommes, du fromage, des noix et des carottes a ravi nos papilles. Une salade de chèvre et jambon de pays avait l’air tout aussi alléchante, à l’instar de la quiche lorraine ou du croque-monsieur réalisés sur place et avec des produits locaux. Elle prépare également des wraps ou des galettes de sarrasin. En dessert, vous avez l’embarras du choix. Il y a les incontournables, le « Xavier » à la framboise, le nougat de Tours, les crêpes ; et les temporaires, comme le (très) fondant au chocolat ou la panna cotta. RESTO_JULIE (3)

Très bientôt, il sera possible d’y déguster un sorbet ou une crème glacée du Palais des glaces (Tours-Nord) et à mesure que les jours rallongent, l’établissement s’autorisera à fermer un peu plus tard. Julie accueille aussi ses apprentis cuisiniers dans son atelier et son activité traiteur se développe. Le dimanche, ses brunchs sont souvent complets. Pensez à réserver !

> Quand Julie pâtisse, Jardin des Prébendes. Ouvert du lundi au samedi de 8 h 30 à 18 h et le dimanche de 11 h à 14 h 30.
> Menus du midi à 7 € et 9 € (avec un dessert). Brunch à 17,50 €.
> Réservations au 02 47 20 14 46. Infos sur la page Facebook

Gastronomie – Nougat de Tours : spécialité gourmande

A 26 ans, Rémi Berment mêle créativité, rigueur et, bien sûr, recherche du goût. Ses assiettes sont un régal pour les yeux et le palais. Mais son péché mignon reste le nougat de Tours. Il se bat pour faire découvrir à ses clients cette spécialité tourangelle.

À 26 ans, Rémi Berment mêle créativité, rigueur et bien sûr recherche du goût. Ses assiettes sont un régal pour les yeux et le palais. Mais son péché mignon reste le nougat de Tours. Il se bat pour faire découvrir à ses clients cette spécialité tourangelle.

Rémi Berment est concentré. Penché sur son assiette, une cuillère à la main, il se prépare à étaler le coulis pour former une longue virgule. Chaque geste est millimétrée. La présentation de son nougat doit être aussi belle que son dessert est bon. « J’aime cette rigueur, cette précision qu’exige la pâtisserie, explique le jeune homme de 26 ans. Et puis j’ai toujours préféré le sucré au salé. » Après un BEP hôtellerie, il passe un CAP mention complémentaire en dessert de restaurant, en apprentissage. Il travaille alors sous la direction d’un chef pâtissier, au Choiseul, à Amboise. Et se forge le caractère. « A 17 ans, j’étais plongée dans un monde dur et exigeant. On tient le coup ou pas. » Il persévère.

Cette année-là, son lycée lui propose de participer au concours du nougat de Tours. « Comme beaucoup, je le confondais avec celui de Montélimar. En fait, je ne savais pas du tout ce que c’était. Alors que je suis tourangeau ! » Il tombe sous le charme de ce dessert composé d’un fond de tarte sucré, d’une couche de marmelade d’abricot, de fruits confis macérés dans un kirch, le tout recouvert d’une macaronade. « Cette spécialité mérite vraiment d’être connue. Malheureusement, certains utilisent des produits bas de gamme, notamment des végétaux confis, faits à partir de betterave et de melon. Ils sont jolis mais n’ont aucun goût. » Rémi tâtonne, teste, se loupe souvent. Pour finalement arriver à l’exigence attendue. Il gagne le concours deux fois de suite, en 2009 et 2010, dans la catégorie restaurateur, car il est alors chef pâtissier au restaurant Rive gauche. « J’étais fier de remporter un prix pour un produit de ma région. Avec l’expérience, j’ai appris qu’il était important de se battre pour les spécialités du coin. » Ce gâteau de voyage, qui peut se conserver facilement et pendant plusieurs jours, voit le jour au milieu du XIXe siècle. Dans la première moitié du XXe siècle, la marmelade d’abricot et les fruits confis disparaissent. Puis, c’est au tour du nougat de tomber dans l’oubli. Il réapparait grâce au restaurateur Charles Barrier au début des années 90. Sa version devient la recette officielle en 1998, lors de la création de la Confrérie gourmande du nougat de Tours et autres Pourlècheries tourangelles.

Depuis mai 2011, Rémi Berment a d’ailleurs intégré cette confrérie, organisatrice du fameux concours, et fait chaque année partie du jury. Il s’est aussi donné pour mission de faire découvrir cette douceur à ses clients, dans son salon de thé, le Two be café, ouvert il y a un an. « Certains personnes, qui n’aiment pas les fruits confis, apprécient ce dessert. Et ceux qui l’ont écarté après en avoir mangé un mauvais, le redécouvre. Je me bats pour prouver aux gens que le nougat de Tours est un régal. Le premier qualificatif qui me vient en tête ? C’est un dessert gourmand. » Ses secrets : il réalise son propre mélange de fruits confis. Il les achète dans le Sud de la France, où il existe un véritable savoir-faire, puis les fait macérer lui-même. Il ajoute aussi du zeste de citron et une gousse de vanille, pour libérer les arômes. « C’est une recette technique et à chaque fois que je prépare des nougats, je prends plaisir à les voir sortir du four. » Dans son salon de thé, Rémi Berment sert cette spécialité en format individuel, tiède, accompagnée d’un sorbet d’abricot. Comme tous ses autres desserts, le nougat de Tours est servi à l’assiette. Mais peut aussi s’emporter. Il va d’ailleurs bientôt être rejoint par de nouvelles créations du jeune chef : le macaron tuti-frutti, un éclair au chocolat revisité et un cheese cake à la clémentine. Rémi Berment aimerait retenter le concours du nougat de Tours, cette fois dans la catégorie des pâtissiers en boutique, « pour comparer ma recette à celles des grands professionnels. » Une catégorie où il a toutes ses chances. Car il n’a que 26 ans mais déjà tout d’un grand.