Inondations : quel risque pour Tours ?

En 2015, l’État lance une grande enquête publique, la dernière phase de la révision du Plan de Prévision des Risques d’inondations (PPRI). François Louault, président de l’association Aquavit et géographe tourangeau spécialisé dans l’hydrologie, fait le point.

Inondations à Tours
Contrairement aux idées reçues, la menace de crues importantes viendrait du Cher.

C’est quoi cette révision du PPRI ?
[François Louault, président de l’association Aquavit et géographe tourangeau spécialisé dans l’hydrologie] : Depuis deux ans, il y a eu un travail sur cartes et en laboratoire pour simuler les crues dans les conditions actuelles. Les résultats montrent qu’en cas de crue historique, basée sur celle de 1856, le niveau d’eau serait plus important aujourd’hui. Les digues, qui protègent Tours, résisteraient mieux. En revanche, certains ponts ne résisteraient pas au débit de la Loire. Pareil sur le Cher, le Pont Saint-Sauveur et celui du tram, en cas de crues très importantes, ne tiendraient pas.

Quels sont les risques de vivre une crue centennale à Tours ?
Je suis certain que je n’en vivrai pas d’aussi importantes que celle de 1856 dans ma vie. En revanche, je m’attends à voir le Cher déborder de manière catastrophique. Tous les experts locaux s’accordent pour dire qu’il y a une faiblesse sur ce point.

Quelle est la réaction des élus locaux faces à ces risques ?
Ils sont inconscients et juridiquement exposés. En cas de catastrophe, même si l’État a sa responsabilité, ce seront eux qui seront jugés. Regardez la tournure que prend le procès Xynthia. Leur maître mot, c’est « résilience » : la résistance d’un bâtiment et la capacité d’une ville de rebondir après une crue. C’est du pipeau. Une crue historique à Tours et les villes alentours ne fera pas de victimes. En revanche, il n’y aura plus de gaz, d’électricité, de communication et de traitement des eaux. Ce n’est pas comme dans le midi de la France où en deux heures le niveau d’eau baisse. À Tours, qui est une ville sanctuarisée, elle resterait des dizaines de jours.

Propos recueillis par B.R.

Reportage fiction : la Loire en crue !

Nous sommes le 28 février 2015 et le fleuve est sorti de son lit… Attention, une histoire fictive pas si loin du réel vu le niveau du fleuve actuellement.

  crue

L’eau a tout envahi. Tours a été submergée en une nuit. L’image du fleuve débordant dans les rues a ce quelque chose d’irréel, d’impensable, que personne n’aurait pu prédire. Les hors-bords des pompiers sillonnent depuis deux jours les rues à la recherche d’habitants encore piégés chez eux. Les autorités ont de suite réagi. Les pompiers ont été mobilisés dès le début de la montée de eaux. On dénombre, pour l’instant, 300 disparus mais il est encore trop tôt pour se prononcer sur un bilan définitif. La pluie s’est arrêtée vers 23 heures hier soir. Plus d’un millier de maisons ont été emportées. Comme des embarcations mal proportionnées, des toits retournés dévalent le fleuve. Ils portent parfois sur leur dos des hommes et des femmes qui ont réussi à sauver leur vie en se hissant sur ces radeaux de fortune.
Désastre national
Le désastre a également pris une ampleur nationale. La Loire dans sa totalité a été touchée par cette crue. Au niveau de Tours, l’A10 et l’A85 ont très vite été fermées. Les trains et les TGV ne circulent plus. Le nord de la France est littéralement coupé du sud. C’est une partie de l’économie nationale qui s’est arrêtée. Localement, seules les entreprises situées en dehors de la vallée de Loire proprement dite peuvent continuer à tourner, au ralenti.
 
Historique d’une tragédie
Comment une telle tragédie a pu se produire ? La question est sur toutes les lèvres, dans toutes les conversations. Une crue cinq-centennale est très difficile à prévoir. Dans les premiers jours, ce sont d’abord les pluies torrentielles dans l’Allier qui ont fait grimper le niveau de l’eau. Plus de 350 personnes en Indre-et-Loire étaient mobilisées pour le plan de surveillance. Gien a été touché en premier. Ce fût ensuite au tour d’Orléans et de Blois d’être submergées trois jours plus tard. Puis, sur tout le val, les brèches dans les digues se sont multipliées en quelques heures. En 1856, lors de la dernière crue historique, on avait recensé 160 fractures de la levée de la Loire. Aujourd’hui, on en dénombre 250. Ces barrières, construites au XVIIe siècle, ont cédé devant la puissance des eaux. À certains endroits, comme à Saint-Pierre-des-Corps, même si elles ont tenu bon, le courant est passé par-dessus, noyant les habitations qui se situaient à l’arrière. C’est ce qu’on appelle un phénomène de surverse. Au XIXe siècle, le niveau de la Loire était monté jusqu’à 7 m 50 au-delà de sa cote d’alerte.
 
La place Plum’ coulée
Aujourd’hui, nous en sommes à plus de neuf mètres. Rue Nationale, l’eau est montée jusqu’au premier étage des habitations. La place Plumereau ressemble désormais a une grande mare où les parasols ont choisi de rester à la surface, comme les témoins d’une vie festive passée. Certains ont sorti leurs canoës ou leurs bateaux à moteur pour prêter main-forte aux secouristes. L’entraide s’organise. Les gymnases, les écoles et les mairies des communes hors d’atteinte accueillent des centaines de milliers de réfugiés. Même si la décrue a commencé, les semaines de nettoyage et de remise à neuf vont être éprouvantes. Les Tourangeaux garderont en mémoire cet épisode sombre de leur histoire.
 

Parcours insolites à Blois

Le château, la Maison de la Magie, le mur de Ben. Vous pensez tout connaître de Blois ? On vous aide à découvrir les petits secrets
de la ville.

ESCAPADE_LEAD
1. Attention à la marche
L’escalier Denis-Papin est bien connu des Blésois. Ils devraient inspecter les marches plus attentivement. Et aussi la statue de Denis. On remarque des impacts de balle datant de la Seconde Guerre mondiale. Il y en a beaucoup : 75 sur l’escalier, 14 pour le monument. La libération s’est effectuée en deux temps. Après avoir quitté la rive gauche, les Nazis l’ont mitraillée depuis la rive droite. Les balles sifflent et atteignent aussi la statue équestre de Jeanne d’Arc dans le jardin de l’Évêché.
2 – Les façades d’art nouveau
En regardant de plus près certaines façades de maison, on aperçoit des céramiques en grès flammé. Elles ne sont pas concentrées sur une rue ou un quartier en particulier. Ces sculptures sont réparties dans une large partie de la ville. Têtes de monstre, bouquets de fleurs, porc-épic et même phallus ornent les maisons bourgeoises. On vous conseille la rue Monin, l’avenue de la Belle Jardinière, ou l’avenue de Verdun.
3 – L’ancêtre du frigo
Il est bien pratique le nouveau réfrigérateur que vous avez acheté. Mais saviez-vous comment les commerçants conservaient leurs aliments avant ? Les Blésois utilisaient l’immense glacière située au jardin de l’Évêché. L’accès se fait par l’ancien jeu de paume de la Ratte. Construite au XVIIIe siècle, elle a été louée aux pâtissiers qui pouvaient entreposer leur glace. Bien sûr, elle est aujourd’hui inutilisée. Son sommet est une terrasse qui surplombe les jardins. Pour, au hasard, digérer une pâtisserie en toute tranquillité.
4 – Qui l’eut cru ?
La Loire est capricieuse. Elle aime grimper et parfois sortir de son lit. De manière assez soudaine ou violente. La ville de Blois en porte les traces. Trois crues supérieures à six mètres au cours du XIXe siècle ont submergé la cité. On peut parcourir la ville et trouver le repère de celle de 1846 qui avait englouti tous les quartiers bas de Blois. Rendez-vous au 29, rue de la Chaine et au 11 rue des Ponts- Chartrains. Pour celle de 1856, allez jusqu’au 15, quai de la Saussaye sur le pavillon de l’ancien Hôtel-Dieu.
EN BREF
PLUS D’HISTOIRES INSOLITES

Si vous avez envie de découvrir Blois sous un autre jour, foncez sur le livre « Blois, insolite et secret » (Éditions Alain Sutton) de Pascal Nourrisson et de Jean-Paul Sauvage. Ce dernier est historien, le premier, conseiller pédagogique. Une mine d’infos, y compris pour les Blésois.
OÙ MANGER ?
LES PLANCHES
Petit restaurant sympathique, dans le vieux Blois. Une décoration intérieure charmante. On déguste de belles bruschettas, la spécialité de la maison. Les crêpes en dessert permettent de terminer en douceur. 5 rue Grenier à Sel Tél. 02 54 55 08 00
OÙ BOIRE UN VERRE ?
ESCAPADE_BOIRE
BEN’S BLUES BAR
Le bar à blues le plus classe de toute la région Centre (et même de France, soyons fous !) Des parties de « jam » à l’air, des cocktails à base de bière, des whiskies et encore des bières. Original, agréable. Bref, à tester. 41 rue Saint-Lubin