Interview : Phil Marso, fondateur des Journées mondiales sans portable

Phil Marso, écrivain indépendant, a créé sa propre société d’édition Megacom-ik. C’est lui qui a lancé la Journée mondiale sans téléphone portable en 2001.

Phil Marso
Phil Marso

Comment vous est venue cette idée de Journée sans portable ?
En 1999, en tant qu’auteur de polar, j’ai écrit et fait paraître Tueur de portable sans mobile apparent, qui montrait les avantages et inconvénients du portable, sur un ton humoristique. Et je me suis dit : tiens, si on prolongeait cette idée ? J’ai donc eu cette idée de Journée mondiale en 2001. Pendant quatre mois, tous les soirs, je balançais des communiqués de presse tous azimuts aux médias français et étrangers. À ma grande surprise, c’est le Canada qui en a parlé en premier. Je n’ai pas voulu faire quelque chose anti-portables, c’est un débat de réflexion.

Cela commence le 6 février et se fait sur trois jours. Pourquoi le 6 février, au fait ?
Je voulais trouver une date rigolote, pour ne pas prendre de front les utilisateurs. J’ai pensé à la chanson de Nino Ferrer « Gaston y a l’téléfon qui son’… » Et la Saint-Gaston tombe un 6 février. Voilà ! (rires)

Chaque année, il y a un thème. Et pour 2015 ?
Ce sera l’environnement. Je pose la question de savoir quelle est la résonance du portable sur le climat. Ce qui serait bien, c’est que des scientifiques se penchent là-dessus. Il y a aussi la question des métaux utilisés pour la fabrication, le changement des portables, le recyclage…

En fait, c’est quoi le but d’une telle journée ?
Un peu tout ! C’est une réflexion sur un outil qui a bouleversé notre vie quotidienne. On est de plus en plus dépendants. Surtout avec les smartphones… Chaque année, je propose 29 questions pour un débat. Ce qui est bien, c’est quand elles sont reprises dans les collèges et lycées. L’an dernier, des établissements ont proposé aux élèves de déposer leurs téléphones le matin et ne pas les utiliser de la journée…

Justement, en quoi le téléphone portable a-t-il bouleversé nos codes sociaux ?
Au départ, il nous servait à appeler et recevoir des appels. Aujourd’hui, c’est un couteau suisse. Personnellement, je n’ai pas de smartphone, car je ne veux pas être dépendant. Ce matin encore, j’ai pris le métro : tout autour, les gens ont les yeux rivés sur leurs écrans !

Comparé au portable d’avant, le smartphone — et j’utilise de gros guillemets — c’est plus « risqué » ?
Du point de vue de l’addiction, oui. Car aujourd’hui, il y a les réseaux sociaux : dès qu’on poste quelque chose, on veut tout de suite savoir s’il y a des réactions. C’est difficile de se déconnecter. Nous sommes dans une société où les relations sont différentes maintenant. Même si l’on fait des choses extraordinaires avec ces téléphones. Au niveau de la santé, aussi… Il faut avoir les bons gestes, ne pas mettre le smartphone sous l’oreiller.

Mais vous n’êtes pas anti-portable…
Exactement. Je dis juste qu’il faut maîtriser l’outil en imaginant un espace-temps de repos. On rentre chez soi le soir : hop, on met le portable de côté.

Propos recueillis par Aurélien Germain