Admirable Grandmaster

Un film virtuose sur l’histoire du kung-fu. Une oeuvre qui se regarde comme un tableau de maître.

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Wong Kar-wai aura mis près de dix ans — paraît-il — pour réaliser The Grandmaster. Et au vu du résultat, on peut le croire. Nous voilà plongés en pleine Chine des années 30, âge d’or des arts martiaux. Le pays est divisé entre nord et sud, où les « seigneurs de la guerre » tentent de se partager le pays. Loin des tracas politiques, les maîtres du kung-fu se réunissent autour de Baosen, car ce dernier se cherche un successeur.
Yip Man, maître du wing chun (une variante du kung-fu), assiste à la cérémonie et se voit désigné comme héritier, après avoir affronté toute une série d’épreuves (des bastons, évidemment). Il rencontre alors Gong Er, fille du grand maître, son alter ego sur le plan « art martial » et âme soeur sur le plan sentimental. Pas simple, car l’homme est déjà marié. Une idylle impensable, voire impossible, à l’époque. Les années passeront et les remous politiques (invasion japonaise, régime communiste, etc.) brouilleront pas mal de repères ; certains Chinois collaborent, d’autres fuient, ravivant les tensions dans les clans. Même si l’intrigue est parfois difficile à saisir, on ne peut qu’admirer le travail d’orfèvre réalisé par Wong Kar-wai. Fidèle à ses précédents films, chaque scène, chaque plan est travaillé, composé de la plus belle manière. Une véritable marqueterie lumineuse (réalisée par le chef opérateur français Philippe Le Sourd, cocorico) qui donne une densité incroyable à ce film de deux heures.
Même traitement pour les scènes de combats, travaillées et décomposées avec une qualité rarement vue. Normal, c’est le chorégraphe Woo-Ping Yuen (Matrix, Tigre et dragon et Kill Bill) qui est aux manettes. Ces efforts de composition incroyables laissent presque poindre quelques faiblesses dans le scénario, mais qu’importe. Avec cette mise en scène impeccable et cet esthétisme époustouflant on ne peut dire qu’une chose : chapeau !