Une Barque de sauvetage social

#EPJTMV. La Barque est un café associatif, situé dans la rue Colbert à Tours. Cette structure vise à aider les personnes en situation de précarité, par le biais d’activités visant à les sociabiliser de nouveau.

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Trois personnes sont salariées au café associatif La Barque. (Photo : Nathanja Louage)

« Tout le monde peut venir à la Barque, on veut que ce soit un lieu de mixité sociale. », indique Barbara Demcak, la directrice de la structure. Dans ce café associatif, situé rue Colbert, on se sent un peu comme à la maison. Une bibliothèque contient de nombreux livres et bandes-dessinées mais aussi des CD’s ou des jeux de société. Un joyeux bazar ! Un comptoir propose toutes sortes de boissons sans alcool. Mais consommer n’est pas obligatoire : on peut juste passer et s’asseoir, lire, discuter ou tout simplement observer.

La Barque agit au sein du réseau social d’urgence de Tours mais son action « est dirigée sur la relation des uns avec les autres, précise Barbara Demcak. Nous aidons les personnes qui se retrouvent en difficulté à un moment de leur vie. » A partir de 14 heures, le café se remplit peu à peu. Les nouveaux venus ont des âges très différents et cela va de pair avec leur parcours de vie. Jean-Michel, un homme aux cheveux et à la barbe grisonnante, vient de trouver un logement. « Comment vas-tu Barbara ? », lance-t-il à la directrice en se débarrassant de sa veste en cuir. Il s’est reconstruit, mais cela ne l’empêche pas de passer encore ici. « Les gens viennent pour sortir du quotidien et se faire plaisir », explique Barbara Demcak.

Des activités culturelles

Chaque objet présent à la Barque renvoie à une activité ou à une sortie qui a été faite. Et il y en a jusqu’au plafond ! Si on lève les yeux, des masques de carnaval nous lancent des grimaces et des marionnettes créées par des visiteurs nous narguent, suspendues par des fils. « Ce lieu sert aussi d’accueil pour faire autre chose », souligne Olivier Laurence en installant le matériel nécessaire à la confection de marionnettes. « Je ne sais pas si des personnes vont venir, mais je le prépare quand même, on verra bien ! » A la Barque, il n’y a aucune obligation d’inscription pour participer à un atelier. Dans un coin de la salle, deux stagiaires de la Barque ont décidé de lancer un jeu de plateau, Citadelle. Trois autres personnes les rejoignent afin d’y prendre part. Il est 15 heures et toujours rien à l’horizon pour l’atelier marionnettes. « L’essentiel c’est qu’ils viennent faire la démarche de participer, relativise Olivier Laurence. Et le plus important, que le travail final corresponde à leurs attentes et révèle un peu de leur personnalité. »

Finalement Christine, une habituée du café âgée d’une cinquantaine d’années, décide de créer sa première marionnette. Après s’être installée, Olivier Laurence lui explique tous les types de pantins qui peuvent être créés. Il lui tend un crayon et un papier, pour qu’elle puisse dessiner le visage qu’elle imagine. « Je pourrai l’offrir à la fille d’un ami, alors il faut qu’elle soit mignonnette cette marionnette ! », s’enthousiasme Christine. Cet atelier n’en n’est qu’un parmi d’autres. « Nous travaillons aussi sur des chantiers participatifs et nous organisons des sorties culturelles car nous sommes idéalement situés », précise Barbara Demcak.

C’est dans son bureau exigu, où s’entassent des dossiers en tous genres et de nombreux sacs plastiques remplis de vêtements, que la directrice de la Barque mène son bateau. Si justement, le café associatif est à proximité de lieux culturels tels que le musée des Beaux-Arts, le Château de Tours ou le musée du Compagnonnage, sa présence dans la rue Colbert est décriée par certains commerçants. « C’est vrai que des débordements arrivent, concède Barbara Demcak. Parfois cela nous est arrivé d’exclure certaines personnes du local et aux alentours. » Même si une journée semble calme, il y a toujours un risque pour que se déclarent des comportements violents. « Mais généralement, les gens qui viennent ici cherchent justement à se détacher de la violence de la rue. » La Barque ne changera pas de port si on ne lui propose pas un autre local adapté.

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Flora Battesti