Antoine Heurteux, l’athlète boulanger

Fin août, Antoine Heurteux défendra les couleurs de la France aux 45e Olympiades internationales des métiers, à Kazan. À 21 ans, l’apprenti boulanger tourangeau consacre toute son énergie à la préparation de ces jeux Olympiques. Avec un seul but : monter sur la plus haute marche du podium.

LA GAGNE

« Je vais à Kazan pour devenir champion du monde. Si c’est pour finir 2e ou 3e, autant rester chez moi. » Antoine Heurteux donne tout pour réussir : « Il ne se passe pas une minute sans que je pense au concours, et j’en rêve même la nuit. Je ne vis quasiment que pour ça. J’ai totalement arrêté de boire de l’alcool. Quand je sors avec mes copains, je rentre tôt. C’est beaucoup de sacrifices, mais c’est quoi, deux ou trois ans dans une vie ? »

PRIX

Une fois lancé, le jeune apprenti enchaîne les formations (mentions complémentaires en boulangerie puis en pâtisserie, brevet professionnel) et les distinctions, jusqu’à devenir meilleur apprenti boulanger de France à 19 ans, puis médaille d’or aux Olympiades nationales des métiers à 20 ans. Ce dernier prix lui ouvre les portes des Olympiades internationales de Kazan, où il affrontera 19 boulangers (Chine, Corée, Finlande, Suisse, Japon…). « Pour avancer, j’ai besoin d’être sous pression en permanence. »

DÉCLIC

L’école, ce n’était pas trop son truc. « Au collège, mon professeur d’histoire m’a conseillé l’apprentissage, mais moi, ça ne me disait rien… » Après deux stages en boulangerie, qui ne lui plaisent pas, il entame malgré tout un CAP en apprentissage à la boulangerie Les Gourmets à Saint- Cyr-sur-Loire. « La première année, j’ai failli me faire virer. Je n’appréciais pas que tout le monde me dise quoi faire. Puis un jour, mon patron m’a parlé d’un concours. J’ai eu le déclic. Ça m’a donné envie de me donner à fond. »

INTENSE

Depuis son entrée officielle dans l’équipe de France en mars dernier, le jeune homme suit une formation intensive. Au programme, préparation aux épreuves (viennoiseries, pains, pièces artistiques…) et entraînement physique et mental : « Il faut être capable de réaliser des efforts physiques intenses tout en gardant sa lucidité. Par exemple, on doit enchaîner des séries de 30 secondes de pompes rapides avec 30 s d’enfilage de coquillettes sur un fil. » Le savoir-être compte aussi : « Il faut avoir un comportement exemplaire : ne pas s’énerver, être humble et digne du maillot de l’équipe de France. »

ARTISANAT

Son produit préféré ? Le pain. Plus spécialement, la baguette de tradition française. « J’ai eu la chance d’apprendre mon métier dans une entreprise artisanale, où tout est fait maison. Mon patron, Frédéric Flu, est mon modèle. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Moi aussi, dans quelques années, je transmettrai mon métier et ma passion à des jeunes. »


> En savoir plus : http://www.worldskills-france.org/

Texte : Nathalie Picard