Johana Boktor, l’architecte du patrimoine

#VisMaVille Johana Boktor et son mari Benoît Moreau sont architectes à Tours. Leur petite entreprise s’appuie sur la réhabilitation du patrimoine. Avec talent et humilité.

Il a fallu convaincre Johana Boktor pour réaliser cet article. Pourquoi elle plutôt qu’un ou une autre ? Sa modestie réelle n’empêche pas qu’à 39 ans, elle a déjà réalisé d’importants projets architecturaux comme le hall du musée Guimet. Elle planche en ce moment sur la rénovation du bâtiment historique de la Chambre de Commerce et d’Industrie et sur la nouvelle entrée du musée du Compagnonnage. Benoît Moreau n’est pas en reste avec la façade de la bibliothèque de Tours.

Un couple complémentaire qui s’est associé à leur arrivée en Touraine, en 2016. Lui est « technique, la tête chercheuse des pathologies du bâtiment », elle est « créative et part de l’identité du lieu pour la prolonger dans sa réalisation ». Ce qui relie le duo d’architectes qui s’est rencontré sur les bancs de l’école d’archi à Paris, c’est leur enclin pour la réhabilitation de l’ancien, et tout particulièrement du patrimoine.

Diplômés de l’Ecole de Chaillot qui délivre une spécialisation complémentaire en patrimoine en deux ans, ils travaillent en grande partie sur les monuments historiques. Ce n’est pas un hasard s’ils se sont installés près du couvent des Capucins, à Tours-Nord, sur un ancien terrain divisé en parcelles appartenant jadis à l’ordre des Frères mineurs. Ils y ont construit et expérimenté leur maison bioclimatique, vitrine de ce qu’ils font et de ce qu’ils sont. Murs épais isolés, nombreuses fenêtres pour des ventilations naturelles et croisées, luminosité, grande pièce de vie traversante : ils prônent le confort des usages et la simplicité des volumes.

Leur maison abrite leur bureau à l’étage. C’est là qu’ils reçoivent leurs clients. Des particuliers mais aussi des collectivités locales. Parfois, leurs garçons de 6 et 8 ans débarquent en pleine réunion pour récupérer des crayons de couleur. L’ambiance est familiale. Qu’elle s’en souvienne, Johana a toujours voulu être architecte, voyant son père s’épanouir dans le métier. Petite, elle bricolait des meubles pour ses poupées.

Après le bac, l’école d’architecture s’est donc imposée. Naturellement. A Paris, elle était salariée pour une agence de logements. « C’était passionnant, il y a le côté pratique que j’adore, toucher et comprendre l’usage de chaque pièce, matériau. »

Aujourd’hui Johana Boktor garde, dans son métier, ce goût du fonctionnel et y ajoute sa touche personnelle, créative. « Je m’inspire de l’ancien pour reproduire une atmosphère. L’idée est de réhabiliter ou construire des extensions en partant de l’essence du lieu, souvent chargé d’histoire. » La meilleure récompense pour elle, qui parvient tout juste à se définir architecte ? « Susciter de l’émotion dans la réponse qu’on a su apporter au client. »

Textes et photos : Aurélie Dunouau


> L’Indre-et-Loire compte une dizaine d’architectes spécialisés dans le patrimoine. Sachant que le département compte 867 édifices bénéficiant de cette protection au titre de monuments historiques, les chantiers en perspective ne manquent pas.

 

Concours : réinventer les loges de vignes

#EPJTMV La Maison de l’architecture et la Jeune Chambre économique de Tours ont lancé un grand concours d’archi. Plus de 300 jeunes architectes ont envoyé un projet.

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L’initiative est aussi novatrice que prometteuse. Pendant deux mois, plus de 300 équipes venues du monde entier ont tenté de réinventer les loges de vignes, ces anciennes habitations du bord de Loire. Ce concours est uniquement ouvert à des étudiants en école d’architecture, bien que la région n’en compte pas, ou à de jeunes architectes de moins de 30 ans. C’est avant tout « une manière de mettre en avant les jeunes » pour Jean-Charles Liddell, directeur de la commission à la Jeune chambre économique et secrétaire à la Maison de l’architecture. « Il faut compter sur eux, les mettre en avant et les valoriser ».
Preuve en est, ce sont les étudiants des CFA BTP de Saint-Pierre-des-Corps et de Blois qui seront chargés de la construction des deux projets lauréats dans les villes de Savonnières et de Chouzé-sur-Loire, où passe le parcours de la Loire à Vélo. Concours international pour une implantation locale, ce projet est un véritable « coup de projecteur pour Tours et ses environs », explique Jean-Charles Liddell. Et pour cette première édition, implanter les projets en région Centre a tout son sens pour l’architecte, en raison de son patrimoine. Les lauréats seront désignés par un jury international composé d’architectes connus mondialement, d’acteurs locaux et de citoyens. Cette première édition est synonyme de succès pour les organisateurs. Elle devrait se renouveler tous les deux ans.
Désignation des lauréats jeudi 11 décembre à la mairie de Tours, à 17 h 30.
Exposition de 26 projets le long de la Loire. Construction des projets à partir de janvier à mai 2015. Exposition des loges en mai 2015.