Architecte des Bâtiments de France : « Veiller sur la ville et le patrimoine de demain »

#VisMaVille L’Architecte des Bâtiments de France Régis Berge est un gardien des monuments et secteurs patrimoniaux, qui regarde vers l’avenir des villes et villages de Touraine. De chantier en réunion, ses journées ne se ressemblent pas.

Ce matin-là, Régis Berge arpente la rue Nationale avec les services de la municipalité. Mission du jour : valider la couleur des futurs réverbères. La question semble anodine, mais pour l’Architecte des Bâtiments de France arrivé à Tours en juin dernier, il en va de tout l’équilibre visuel de cette artère majeure.

Alors, oui, il est l’homme qui viendra vous taper sur les doigts si vous avez choisi une couleur de volets un peu trop olé-olé au centre de Tours, secteur sauvegardé. Mais avec l’équipe de dix personnes de l’Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine, sa mission ne se niche pas (seulement) dans ces détails : « Notre rôle est de veiller au respect des règles urbaines, qui permettent d’insérer harmonieusement un projet dans la ville. »

Lors de ses rendez-vous avec les municipalités et les maîtres d’oeuvres, publics ou privés, l’Architecte des Bâtiments de France (ABF, pour les intimes) accompagne donc les projets dès l’étude des plans. « J’aime ce dialogue avec les architectes, au stade de l’avant-projet, pour faire en sorte qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, et contribuer à la constitution du patrimoine de demain. »

Chantier des Portes de Loire, plans de rénovation des Halles, réunion pour le choix des sites « d’architecture contemporaine remarquable » à labelliser, où l’on retrouve les grands ensembles des Rives du Cher ou la chapelle Saint-Martin du quartier Monconseil… Notre ABF n’est décidément pas homme du passé, comme le voudrait le cliché. Quand il s’occupe des monuments d’hier, c’est donc les pieds ancrés dans le présent.

On le suit ainsi dans les travées de la cathédrale Saint-Gatien et au cloître de la Psalette, monuments historiques qu’il connaît comme sa poche, puisque l’Unité doit en assurer l’entretien et la sécurité. Là, il se passionne tout autant pour les reliques médiévales que pour les vitraux contemporains, témoins de leur époque. De retour sur le parvis, Régis Berge s’interroge : que deviendra l’ancienne clinique Saint-Gatien ? « Les cyclotouristes ne savent pas où faire leur pause, il n’y a pas de commerces… On peut tout repenser, imaginer un café, des boutiques… pour favoriser un vrai espace de vie. »
Car derrière le bâti, c’est l’humain qui émerge, au cœur du métier.

Textes et photos : Maud Martinez

Archi et BD à La Laverie

Vous le saviez, vous, que le village d’Astérix en disait long sur la vision de la périphérie urbaine ?
Eh ben si. La preuve, à la laverie, à La Riche.

SORTIR_CULTURE_LAVERIE
La Laverie, c’est un lieu peu connu et qui vaut le détour. L’exposition qui y est proposée actuellement est une occasion parfaite pour en parler. « Périphérie : images de la marge, de la banlieue et de la zone dans la bande dessinée franco belge ». Bon, ok, le titre est long mais le concept, en fait, est simple… Présenter sobrement, dans le grand espace de la Laverie, des planches de bandes dessinées, agrandies, encadrées, reclassées pour parler de la ville et sa périphérie. En BD ? Et pourquoi pas ? L’appartement des Bidochons en dit plus long qu’on ne le croit, tout comme le petit village d’Astérix et d’Uderzo avec ses frontières, l’intra muros et le reste. Vous n’y aviez pas pensé ? C’est la force de cette exposition : elle donne à contempler cette BD que d’habitude on bouquine.
On redécouvre son impact, son rôle, sa place. Tout comme l’influence de l’architecture sur nos vies et nos représentations. Le couple architecture et bande dessinée avait déjà été à l’honneur à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine de Paris, il y a trois ans. Mais la Laverie n’a pas à en rougir, elle offre dans son style, à une autre échelle, un autre point de vue. Elle est un « autre » lieu de culture.

« La Laverie, qui réunit des architectes
souhaitant ouvrir leur champs disciplinaire au grand public »

Cette énorme maison à trois toits, abritait paraît-il, l’ancienne laverie de l’hôpital Bretonneau… C’est un large bâtiment, anciennement industriel, où trône encore un vieil ascenseur, un four (un séchoir ?) géant et des crochets au plafond… L’espace a été racheté puis revisité par un architecte, Reynald Eugène qui a pris le parti de garder la mémoire des lieux, les murs, bruts, l’acier, le sol de béton… C’est dans cet espace qu’expose l’association du même nom, la Laverie, qui réunit des architectes souhaitant ouvrir leur champs disciplinaire au grand public.
L’exposition « périphérie » est donc aussi l’occasion de découvrir ce lieu peu commun, où se perdent un babyfoot et une table de pingpong lors des vernissages ou des pauses méridiennes. Oui, car c’est le hic : la Laverie est avant tout un espace de travail et cherche sa place entre lieu public et espace privé… C’est pour ça que l’expo n’est ouverte qu’en semaine, de 9 h à 19 h et qu’il faut sonner pour la visiter. Mais les jeunes architectes de l’association se feront un plaisir de vous guider…