Ces chercheurs et chercheuses qui font briller Tours : vaccin contre l’hépatite C et médicament contre le Covid

[1/3] L’Université et le CHRU de Tours regroupent de nombreux chercheurs de talent. Nous vous en présentons plusieurs pour un court mais passionnant voyage au centre de la recherche.

LA QUÊTE D’UN VACCIN CONTRE L’HÉPATITE C

Philippe ROINGEARD Professeur de biologie cellulaire, chercheur en virologie

Cette sommité de la médecine qui dirige le laboratoire INSERM morphogénèse, antigénicité du VIH et des virus des hépatites, travaille avec une trentaine de personnes, dans un laboratoire du CHRU classé P3 (soit un labo totalement confiné), autour d’une palette large de virus qui embrasse le zika, le chikungunya et, depuis six mois, le Covid-19.

Il ne se voyait pas « rester les bras croisés, alors que nous avons les compétences et l’envie de comprendre le cycle infectieux du Covid. Nous avons rapidement mis le virus en culture et développé des projets ». Une étape sera d’ailleurs bientôt franchie avec la publication de résultats de recherche fondamentale.

Mais c’est surtout l’hépatite C qui occupe le temps et les pensées de Philippe Roingeard. Depuis le dépôt de son premier brevet en 2009 et l’obtention de prix les plus prestigieux dans le domaine, la mise en route d’un vaccin approche. Testé sur les animaux, il souhaite l’appliquer sur l’homme. Dans le but de passer au stade industriel et commercial, il vient d’ailleurs de créer une start-up afin de récolter des fonds privés. C’est la seule équipe à développer ce projet en France.

« La maladie est assez terrible car si on ne s’en rend pas compte tout de suite, elle peut causer des dégâts dans le foie, allant jusqu’à un cancer. » 70 millions de personnes sont infectées dans le monde, environ 300 000 en meurent chaque année. À 59 ans, Philippe Roingeard compte bien être celui qui aura couplé un vaccin hépatite B et hépatite C, quarante ans après la découverte du vaccin contre l’hépatite B par un autre illustre tourangeau, Philippe Maupas. Pour l’anecdote, Philippe Roingeard fut son élève en 1re année de pharma.


UN MÉDICAMENT CONTRE LE COVID

Alexandra AUDEMARD-VERGER Docteur en immunologie clinique

Alexandra Audemard-Verger, le mercredi 27 mai 2020 au CHU Bretonneau de Tours. (Photo : Cyril Chigot)

Arrivée au CHRU de Tours, il y a moins d’un an, pour associer à son activité clinique l’enseignement et la recherche, Alexandra Audemard-Verger, n’a pas perdu son temps. À 36 ans, cette jeune chercheuse en immunologie clinique a fait ses classes à Paris avec le Dr Lucas, à l’hôpital Cochin.

Passionnée par le fonctionnement des globules blancs, elle cherche à comprendre « les mécanismes qui font que le système immunitaire se dérègle et se retourne contre nos propres organes, comme s’il y avait un incendie ».

Et c’est ainsi que cette spécialiste des maladies rares et de la vascularite (ou l’inflammation des vaisseaux) s’est retrouvée au printemps dernier à se pencher sur les cas de COVID-19. Avec son équipe composée uniquement de femmes, elle s’est employée jour et nuit, trois semaines durant, à écrire un projet de recherche, financé par le CHRU et du mécénat.

Son idée : tester un médicament, l’anakinra, déjà utilisé pour traiter les maladies auto-inflammatoires, sur les patients atteints d’insuffisance respiratoire aiguë. Pour l’instant, 45 patients sont inclus dans cet essai thérapeutique baptisé Anaconda, il en faudrait 240 pour valider le processus.

À ce projet, la chercheuse ajoute celui d’une étude sur les lymphocytes, développée avec Christophe Paget de l’INSERM. Alexandra Audemard-Verger ? Une tête chercheuse qui ne cesse d’aller vers cette « quête de connaissances » qui la guide depuis toute petite.

Textes : Aurélie Dunouau


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