Quelques heures dans la vie d'une sage-femme libérale

Les sages-femmes travaillent aussi en libéral. Reportage avec Marie-Ange Benoit qui exerce ce métier entre Tours et Chinon.

Marie-Ange Benoit, dans son cabinet. (Photo tmv)
Marie-Ange Benoit, dans son cabinet. (Photo tmv)

Il y a des vocations, comme ça, qui ne vous quittent jamais. Petite, Marie-Ange Benoit adorait rentrer dans une maternité, son ambiance. Travailler au contact des enfants, cette idée de carrière ne l’a jamais quittée. Puéricultrice ? Au collège, elle décide : elle sera sage-femme.
Installée dans son cabinet, dans le quartier des Deux-Lions, Marie-Ange Benoit reçoit plusieurs patientes par jour. « Depuis quelques années, nous avons le droit de faire le suivi gynécologique des femmes, de leur adolescence à leur ménopause. Le grand public n’est pas encore très informé, les femmes ne savent pas vraiment qu’elles peuvent venir nous voir pour une visite courante, sans passer par un gynécologue ou un médecin traitant. Nous sommes là pour dépister les pathologies, en prévention. Dès qu’un problème se présente, je les dirige vers le médecin compétent. En Angleterre, le système est différent, une sage-femme suit une patiente pour qu’elle ne voit qu’un seul référent. » Marie-Ange Benoit s’inspire beaucoup de cette pratique anglo-saxonne.
De A à Z
Elle est une des rares sages-femmes libérales à proposer un suivi global lors d’une grossesse. Les patientes qui le choisissent ne voient qu’elle, de la déclaration de grossesse jusqu’à l’accouchement. Marie-Ange Benoit a passé un accord avec l’hôpital de Chinon pour avoir accès à la salle de naissance. Elle a même participé à la création d’une salle nature, où l’équipement médical est restreint au minimum pour que l’accouchement se passe le plus physiologiquement possible.
Consultations
La sonnette de son cabinet sonne, Emilie (tous les prénoms ont été changés) rentre. C’est la première patiente de l’après-midi. Les rayons du soleil printanier illuminent la pièce. La jeune femme a le ventre un peu rebondi. Elle parle de ses premiers mois de grossesse avec un petit sourire. Marie-Ange Benoit pose des questions calmement. L’alimentation ? Le stress ? Le travail ? Tout a l’air de bien se passer. La sage-femme note les réponses avec beaucoup de soin. Pas forcément liées au médicale, ses interrogations sont également sur le bien-être de la femme, de son couple, du père. « Il ne faut jamais oublier le papa, il fait aussi partie du processus. Si lui a des problèmes vis-à-vis de la grossesse, de l’accouchement ou dans le couple, on peut avoir des complications. » Marie-Ange Benoit ne laisse rien au hasard. Un passage sur la table d’occultation pour vérifier que le développement se déroule bien, Emilie se rhabille. La visite aura duré une heure.
A l’extérieur
Après plusieurs patientes vues dans son cabinet, Marie-Ange Benoit remet son manteau, prend ses clés de voiture : sa journée de travail continue, mais à l’extérieur. « J’ai beaucoup de patientes qui ne peuvent pas se déplacer, pour éviter de prendre des risques. » Elle quitte le quartier des Deux-Lions pour aller à Joué-lès-Tours. La sage-femme sonne à l’entrée d’un immeuble, monte un étage. C’est Jeanne qui ouvre. Cette jeune maman ne doit pas trop se déplacer. Sa première grossesse a été compliquée, alors par précaution, elle a fait appel à Marie-Ange Benoit pour des visites à domicile. L’examen se déroule bien, aucun problème détecté. Des dessins animés tournent en boucle dans le salon, le jeune fils de Jeanne est assis dans son siège surélevé et s’amuse avec un paquet de gâteaux. Il rigole. Sa maman se détend.
Donner la vie, accepter la mort
Les actes de la sage-femme sont remboursés. Pas la peine de passer par un médecin traitant. « Je demande juste un supplément pour l’accompagnement global. Je dois sacrifier une partie de ma vie privée, pour être à moins de 30 km de Chinon quand je sais qu’une de mes patientes est dans sa dernière période de grossesse. » Le métier de sage-femme n’est pas toujours rose. « Dès mes premiers stages, j’ai vu des couples perdre leur enfant. Même si le bébé est mort-né, il faut quand même pratiquer l’accouchement. Ça fait partie du métier. Il faut affronter ce genre de situation, faire face à sa manière. Je me rappelle d’un couple dont l’enfant avait très tôt été diagnostiqué d’une trisomie non viable. Il a fallu faire sortir cet enfant déjà mort. L’équipe autour de moi s’est blindée, leurs visages se sont fermés. Moi, j’ai pleuré avec les parents. J’avais chauffé des petits vêtements pour habiller le nouveau-né décédé. Je ne voulais pas que la maman serre dans ses bras un corps froid. Je souhaitais qu’elle sente un peu de vie. Je dois rentrer en empathie avec mes patientes. Je suis une professionnelle, mais ça ne m’empêche pas d’être humaine. »

9 réflexions sur « Quelques heures dans la vie d'une sage-femme libérale »

  1. ATTENTION, Marie-Ange Benoit assure bien le suivi global d’une grossesse mais il ne faut pas trop avoir de questions ou de ressentis au risque d’être lâchement abandonnée au cours de la grossesse voire moins d’un mois avant la date de la naissance. Par peur ou par frilosité, elle est la seule responsable de la naissance et se montre souvent en état de doute. Sous ses aspects sympa-cool, son suivi global peut devenir un parcours stressant et anxiogène car comme elle le dit si bien, au moindre doute elle fait appel aux médecins, multipliant trop souvent les examens jugés inutiles par le gynéco et multipliant à chaque visite les doutes et les questions pour la maman. Elle aime les papas (ou les accompagnants) taiseux car elle n’aime pas les éventuelles questions gênantes sur sa pratique. Finalement la plus simple des grossesses peut se complexifier à outrance par des contrôles et dosages toujours normaux. Allez donc ailleurs si vous voulez avoir un suivi rassurant.

  2. Oui bien sur un accès sur le plateau de chinon mais elle n’est pas la seule … et d’autres le font très bien , donc une super SF Isabelle Koenig qui elle a vraiment du temps pour ses patientes ..parce que une sf qui fait ses visites à domicile pour une maman en suite de couches et qui arrive avec 2 heures de retard sa propre fille dans les bras … bof bof et je n’ose même pas parler de la rééducation périnéale fait n’importe comment et qui laisse des séquelles graves au fil des années … bref des SF très bien il y en a plusieurs à Tours … alors allez les voir

  3. Quand Melle Benoit dit : je prends JUSTE un supplément pour le suivi global, il faut savoir quand même qu’il était de 700 euros (partie non remboursable évidemment, c’est vraiment son dépassement d’honoraire qui ne fait pas l’objet d’une feuille orange de soin). Donc n’importe qui pour ce prix là est prêt à être à moins de 30 km de la maternité de Chinon. Surtout pour le suivi qu’elle assure (sans commentaire….). Allez donc accoucher à Chinon, avec l’équipe de garde, qui assurera la même chose, et certainement en mieux, en salle nature si vous le souhaitez pour zéro euro. Et en prime, vous serez mieux servi…parce que des bonnes sages femmes, y’a pas qu’elle!

  4. Contrairement aux autres commentaires, Robert et moi avions été satisfaits de son professionnalisme et son accompagnement en douceur durant la grossesse.. marie-ange connaît très bien son métier et nous rassure énormément ; nous avons eu recours à une interruption médicale de grossesse et donc l’accouchement avait une issue plus malheureuse mais Marie-Ange à été la pour nous accompagner en douceur vers la rencontre de notre fille .

  5. j’ai choisi marie-ange pour mon deuxième enfant et j’en suis extrêmement contente. La préparation à l’accouchement et très bien, elle est a l’écoute de nos ressentis, nos angoisses, nos peurs. Ayant un premier enfant atteint d’une maladie génétique, j’avais beaucoup d’angoisse pour le second, Marie-ange a toujours pris le temps de me soutenir et de m’encourager. Grâce à ses méthodes j’ai pu accoucher comme je le désirais: sans péridurale, et ça été un accouchement magnifique. MERCI A TOI MARIE-ANGE!!!!

  6. J’ai choisi Marie-Ange Benoit lors de ma première grossesse en 2009, je souhaitais un accompagnement personnalisé et un accouchement le plus naturel possible. J’ai été très satisfaite du suivi et de la qualité de l’écoute lors de ce moment très particulier. C’est tout naturellement que j’ai contacter Marie-Ange pour ma seconde grossesse en 2014.
    J’ai eu la chance de vivre deux très beaux accouchements en plateau technique à Chinon avec cette sage femme.
    Un grand merci à toi Marie-Ange !

  7. J’ai rencontrée marie-ange benoit en 2011,alors enceinte d’environ 4 mois,à l’époque je cherchais quelqu’un qui me corresponde mieux que le gynécologue qui me suivait.Marie-ange ne pas suivie jusqu’au bout : une semaine avant moi elle donnait naissance à sa petite fille,8 jours après elle était à la maternité et est venue me voir je venais d’accoucher,alors qu’elle était en congé…
    Je viens de vivre une seconde grossesse qui s’est terminée il y a 15 jours de façon dramatique :j’étais enceinte de deux petites jumelles qui sont décédés subitement « in utero » à 6 mois de grossesse : marie-ange ne nous a pas lâchée : elle était avec moi la nuit de mon accouchement, 1h00 du matin, laissant ces deux petits bouts derrière elle. Elle est venue avec des petits vêtements pour les puces, m’a accompagné dans le moment le plus douloureux de ma vie de maman : accoucher de deux petites filles mortes et ne m’a rien demandé comme supplément…je sais pas trop quoi penser des commentaires négatifs si ce n’est de dire merci au Docteur max Ploquin, aujourd’hui décédé, qui l’a mis sur ma route !….j’aurais tendance à dire réfléchissez avant d’écrire sur un site public !

  8. QUEL PARTI PRIS CET ARTICLE! Madame Benoît souffre d’un manque cruel d’empathie et traite ses patientes comme des « clientes » toujours à courir après la carte vitale même lorsque c’est elle qui vous fait repasser chercher une ordonnance oubliée… 3 minutes dans le cabinet et hop! expédiée! Je ne calcule pas le nombre de fois ou elle a été froide, cinglante et souvent déplacée dans ses remarques. Ainsi, Madame Benoît m’a t-elle lancée « vous ferez une prise de sang parce que je prends pas les patientes à risque moi! » ou encore « bah j’arrive pas à le sentir, c’est bizarre, là, je peux plus rien pour vous, faut faire une écho ». Inutile de dire que c’est très angoissant à entendre. Je ne suis pas contre un discours transparent, au contraire, je pense le corps médical doit clairement informer les mamans mais il y a des limites!!! Je précise que ma grossesse n’était pas à risque et je ne comprends toujours pas une telle froideur. A mon retour de la maternité, j’ai tout bonnement changé de sage-femme après sa première visite chez moi: elle m’a culpabilisée (c’est son grand truc de culpabiliser les jeunes mamans, elle a traumatisée 2 bonnes amies à moi, on sait de quoi on parle..), je cherchais des réponses à des questions naïve de toute jeune maman de son premier bébé: est-ce normal que la respiration de mon bébé soit parfois irrégulière? Sa réponse fut la suivante: « Oh lala, vous êtes trop stressée, il va tout ressentir votre bébé! Et puis, vous savez, la mort subite du nourrsisson si ça doit arriver, ça arrivera et on y pourra rien hein! ». J’arrête là, ça n’en vaut vraiment pas la peine. Allez accoucher à Saint Benoit ou l’équipe est géniale et i n’y a nul besoin de s’imposer un suivi anxiogène et culpabilisant auprès de Madame Benoit pour profiter pleinement de la salle nature que NON elle n’a pas créé seule! D’ailleurs, les collègue de St Benoît rigolent bien d’une telle prise de grosse de sa part! Et elles savent bien dans le métier que Madame Benoît mérite sa réputation bien ternie… Et oui, les mamans – après la peur et le choc émotionnel – parlent! Et ça fait du bien!

  9. Bonjour,
    Après avoir lu ces différents commentaires il y a déjà quelques jours, je prends enfin le temps de laisser aussi un commentaire.
    Je connais Marie-Ange depuis 6 ans. Elle nous a accompagné pour nos 3 enfants. A chaque fois, nous avons été satisfait et cela répondait à NOS attentes.
    Je mets NOS en capitales parce qu’en effet pour nous tout s’est bien passé parce que cela NOUS correspondait. Visiblement, ce n’est pas le cas de tout le monde ici. Sachez reconnaître simplement que cela ne vous a pas correspondu plutôt que d’être aussi accusateur.
    Marie-Ange n’est pas parfaite comme chacun d’entre nous. Comme nous, elle n’a que 2 bras et ses journées ne font que 24h. Elle fait donc comme elle peut avec les moyens qu’elle a. Dans la vie, on ne peut pas apprécier tout le monde. Il y a des personnes avec qui cela passe mieux que d’autres. C’est le même principe avec la sage-femme.
    Il en faut pour tous les types de personnalités. Marie-Ange est tout à fait capable d’assurer un suivi de grossesse sans angoisser les parents, d’accompagner une naissance, de faire une bonne rééducation du périné…

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