Réalité

Il y a parfois comme une fascination. Pour la violence des éléments, pour le spectacle de la désolation. Le cinéma américain, en particulier, le sait bien, lui qui n’hésite jamais à filmer en longs plans séquences des villes qui s’effondrent comme des châteaux de cartes, des monuments emblématiques qui partent en poussière comme balayés par un simple coup de vent.

Voir ainsi s’effondrer ce que l’on imagine immuable, cela doit nous rassurer, sans doute. Nous conforter dans notre sentiment de puissance et d’invincibilité. Mais quand ce ne sont plus des maquettes, quand ce ne sont plus des dessins numérisés, des bouts de pixels assemblés, quand ce sont de vraies villes, de vraies maisons, des habitants en chair et en os qui sont frappés alors, la sidération est totale. Absolue.

Parce qu’il y a les vies brisées et les villes en ruines. Mais, au-delà de cela, parce que ces images qui nous renforcent quand elles sont celles de la fiction, nous font devenir tout petits et sans défense, quand elles sont celles de la réalité.

Matthieu Pays