Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu : comédie dynamite

Bien écrite, drôle et sans temps mort : cette comédie sur les préjugés raciaux s’en tire avec les honneurs.

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Nom et prénoms ? Claude et Marie Verneuil. Particularités ? Cathos tradi et bourgeois vivant à Chinon. Un couple comblé, un peu aigri, mais aussi un peu raciste refoulé. Quand leurs filles chéries ramènent à la maison leurs nouveaux amoureux (et futurs mariés), la pilule est plutôt dure à avaler pour eux : un Chinois, un Maghrébin et un Juif.
Trois origines, trois confessions différentes : le premier repas de famille tourne au désastre et pointe du doigt les préjugés raciaux en grossissant le trait. En dessinant les stéréotypes au marteau-piqueur. Du second degré pur jus, où tout le monde est raciste envers tout le monde et envoie des clichés à tout-va. Et quand Laure, la petite dernière, ramène à ses parents son époux, le petit couple provincial reçoit un quatrième coup de massue : Charles est catholique certes, mais… noir.

Le nouveau film de Philippe de Chauveron (réalisateur de comédies franchouillardes pas franchement mémorables comme Les Seigneurs, L’élève Ducobu ou La Beuze…) était un pari risqué. Une histoire sur les préjugés raciaux, avec, suspendue au-dessus de sa tête, cette question : peut-on rire de tout ? Et des religions ?
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu amène la réponse à travers des scènes cocasses (les comiques de situation), parfois hilarantes (l’enterrement du prépuce !), mais aussi en recadrant le spectateur et ses stéréotypes. Au hasard, cette scène de La Marseillaise qui torpille habilement certaines idées reçues.

CINE_FICHEDans ce déversement de millième degré, le casting est en or. Si Christian Clavier et Chantal Lauby jouent à merveille le petit couple raciste de mauvaise foi, les autres rôles crèvent l’écran : le foldingue et hilarant Ary Abbitan, Frédéric Chau tout simplement parfait ou encore Émilie Caen, désopilante en dépressive émotive à l’extrême… Une galerie de personnages haute en couleur, attachante et surtout très drôle. Mention spéciale à Pascal N’Zonzi, dans son interprétation magistrale de papa ivoirien terrifiant et anti-blanc.
On regrette peut-être parfois que les répliques et les blagues, pas vraiment subtiles, ne soient axées que sur un seul trait d’humour. Les amateurs de finesse peuvent d’ailleurs passer leur chemin.

Pour autant, dans ce déluge de vannes, le film de Chauveron fait réfléchir et laisse apparaître un joli message sur la fin. Loin de s’arrêter au racisme pur et dur. Il laisse entrevoir la lumière, par exemple avec cette scène culte entre les deux pères de famille qui prouve de manière, certes simpliste, que l’amour est la clé de l’acceptation. Alors au final, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu est aussi une jolie partition sur la réconciliation des peuples. Et ça, on dit oui.
Aurélien Germain

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TOUJOURS EN SALLE
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NEBRASKA ***
Woody, septuagénaire alcoolique, reçoit un courrier lui indiquant qu’il a gagné le gros lot. Il quitte tout et part récupérer un pactole inexistant, rejoint bientôt par son fils. Dans ce fabuleux roadmovie signé Alexander Payne, Bruce Dern excelle en papy paumé mélancolique, incroyablement touchant. Habillé d’une photographie en noir et blanc, Nebraska est beau, tout simplement. Il interroge sur les relations père-fils, la solitude, la vieillesse… Et donne envie de dire, à la fin, « je t’aime papa ». A.G.
MY SWEET PEPPER LAND ***
Quand le Kurdistan se met à réinventer le western à sa sauce, ça donne un film rythmé, magnifique, directement inspiré des chefs-d’oeuvre de Sergio Leone. Pour l’histoire, c’est celle de Baran un ancien révolutionnaire devenu shérif d’un petit village. Cette sorte de Clint Eastwood à la Kurde va devoir combattre Aziz Aga, le chef auto-proclamé de la bourgade. Hiner Saleem, le réalisateur, réussit son pari en prenant au genre autant qu’il apporte. Une pépite à ne pas louper. B.R.
REAL **
Koichi ne comprend pas le geste d’Atsumi. Pourquoi cette tentative de suicide ? La médecine lui donne la possibilité de parler à la jeune femme dans le coma. Commence alors leur quête de la vérité, truffée de zombies philosophiques et de mystères psychologiques. Kurosawa réalise un superbe film d’anticipation où réalité, souvenirs et virtuel se mélangent. Si la romance est parfois pesante, l’esthétique originale et l’intrigue à la limite du polar en font un film à voir sans hésiter. B.R.
NOTATION :
 **** CULTEissime 
*** TOPissime
** PASMALissime 
* BOFissime
X NULissime

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