Netflix World

C’est un monde où l’on n’est pas « Énormément gros », mais juste « gros ». Où on n’est pas « minuscule » ou « Pas plus haut qu’un genou », mais juste « petit ». Un monde où tout est fait pour que rien ne puisse blesser personne. Bref, c’est un monde tout lisse, passé au fer à repasser de la conscience collective. C’est-à-dire exactement le contraire d’une création originale.

Parce qu’une oeuvre personnelle, elle est riche des audaces de son auteur, mais aussi de ses excès, ses choix, ses illuminations et ses parts d’ombre. On ne le dit pas beaucoup, mais ce sont les ayants-droit de Roald Dahl qui sont à l’origine des modifications apportées sur les textes de ses romans jeunesse en anglais. Or, la société qui gère ces droits est la propriété d’une entreprise de divertissement bien connue, qui s’appelle Netflix. Efficace et lisse, ce pourrait être la devise de la plateforme.

Mais Charlie et la Chocolaterie n’est pas le seul touché. James Bond, qui n’a jamais mis genou à terre, vient de se voir recadré, lui aussi, par un bataillon de « sensitive readers » embauché pour débusquer dans les romans de Ian Fleming, les entorses au bon sens commun contemporain. God Damned !

Matthieu Pays