Avec l'art-thérapie : "On travaille sur le ressenti personnel"

Christel Letessier-Debrune est diplômée de l’Afratapem (École d’art-thérapie de Tours). Elle exerce son activité en libéral depuis 2011 et suit particulièrement les enfants.

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Vous intervenez uniquement sur ordonnance. L’art-thérapie est bien connue du corps médical ?
La prescription thérapeutique se fait en fonction de la sensibilité de l’enfant. Le corps médical voit par quelle technique il est possible de travailler : ce sera l’art-thérapie, l’équi-thérapie… Les psychiatres, les médecins généralistes, les hospitaliers nous connaissent bien puisque l’Afratapem travaille avec la faculté de médecine. Des enfants me sont aussi envoyés par l’orthophoniste ou le psychologue. Quand un patient vient spontanément, on le renvoie vers son médecin, c’est une règle déontologique.
Les enfants savent-ils pourquoi ils viennent vous voir ?
Les explications sont adaptées à leur âge mais leur adhésion est essentielle. Lorsqu’ils viennent pour des séances individuelles, ils savent que c’est pour une difficulté particulière. La démarche émane parfois de l’enfant lui-même qui cherche à s’exprimer, c’est le cas pour des séances en groupe qui fonctionnent avec une autre dynamique. Certains enfants sont réticents lors de la première rencontre et c’est tout à fait normal. C’est généralement dû à une saturation.
C’est-à-dire une multiplication des rendez-vous thérapeutiques ?
Oui. Ils sont suivis par trois, quatre spécialistes. Les enfants ne peuvent pas être sur tous les fronts, ils sont épuisés. Là aussi, la prescription de l’art-thérapie sur ordonnance médicale est un garde-fou : le médecin connaît le parcours médical de l’enfant, il évitera d’empiler les traitements. J’ai reçu un petit garçon qui avait de l’asthme, des problèmes de langage, de vue. Il était suivi par un spécialiste, un orthoptiste, une orthophoniste… et sa maman me l’amenait pour une rééducation de l’écriture. J’étais en face d’un petit garçon très très triste. J’ai dit à la maman que ce n’était pas possible, il fallait d’abord terminer la rééducation orthoptiste pour lui éviter de passer toutes ses soirées chez des thérapeutes. Ensuite, je lui ai demandé ce qu’il aimait, ce qu’il savait faire. Il a retrouvé de l’espoir, ça l’a aidé à progresser chez l’orthophoniste. On travaille le ressenti corporel, les émotions, l’affirmation de soi, la confiance en soi. L’objectif est lié “à la saveur existentielle”, le goût de vivre. Il ne s’agit pas de motricité, même si on l’utilise.
L’art-thérapie semble particulièrement adaptée aux jeunes souffrant d’anorexie, de boulimie…
Tout à fait. À la demande de médecins hospitaliers spécialisés, qui sont trop limités dans leurs ressources, nous constituons en ce moment un réseau pour travailler sur les troubles du comportement alimentaire.

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