Her : un film à la voix d’ange

La dernière réalisation de Spike Jonze est une belle réussite, entre film d’anticipation sans effets spéciaux et romance.

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Elle susurre des mots tendres, d’une voix un peu rauque. Elle, c’est Samantha, un logiciel intelligent. Celui que Théodore vient d’acheter. Lui, est plutôt du genre timide, sentimental. Son métier lui va bien : il écrit des lettres à la place des autres pour une entreprise. Dans un futur pas si lointain, chaque matin, Théodore Twombly se lève pour aller dans cet open space dans le centre-ville de Los Angeles. Autour de lui, tout le monde porte une oreillette et un petit boîtier connecté, le smartphone de demain. Théodore porte des pantalons taille-haute et des chemisettes. C’est la mode en ce moment. Ah, oui, il a une moustache aussi et le cœur brisé depuis qu’il a engagé une procédure de divorce. Alors pour faire passer le temps, il télécharge Samantha, lui parle, explique ses sentiments, met des mots sur sa vie.
Troublant. Les premières conversations entre Théodore et Samantha laissent perplexe. Le besoin d’avoir deux acteurs en chair et en os à l’image provoque l’envie d’une présence. Le vide se remplit alors, peu à peu, de cette persona invisible. La voix de Samantha prend corps, propulsée par celle de Scarlett Johansson. Au sommet de son art, Joaquin Phoenix donne la réplique. Toujours un peu bancal, il se laisse happer par cette relation amoureuse, tout en non dit et en finesse.
Comme un orfèvre de l’image, Spike Jonze réussit encore son coup. Décidément, ce réalisateur de clips est devenu un maître du cinéma avec ses films étranges, beaux, mystérieux. Après dans la peau de John Malkovich, Adaptation et Max et les Maximonstres, il s’attaque au long métrage d’anticipation intimiste. Loin de la débauche d’effets spéciaux souvent mis en œuvre dans ce genre de film, Spike Jonze préfère la suggestion, la bonne idée qui colle au fond de son histoire. Il faut se replonger dans ses clips pour voir qu’il excelle dans cette esthétique léchée sans déballage de moyens, celui par exemple de Weapon of choice (Fat Boy Slim) avec un Christopher Walken dansant comme un dieu. Ou encore la folie terrifiante de ces pandas dans Drunk Girls de LCD Soundsystem.
Vraiment, Spike Jonze est un punk au grand cœur, un dynamiteur de genre, une sorte d’ovni qui aime se faire désirer, son film arrive après 5 ans de vide. Et il est d’une beauté à couper le souffle.

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