EVEREST

« Parce qu’il est là. » C’est ce qu’avait répondu l’alpiniste George Mallory, en 1924, quand on lui avait demandé pourquoi il tenait tant à escalader l’Everest. Lui ne le fera jamais. Il faudra attendre 1953 et Edmund Hillary pour voir un homme et son sherpa tibétain fouler pour la première fois le toit du monde. Soixante-dix ans plus tard, le pic mythique est toujours là. Et depuis Hillary, près de 10 000 hommes (et quelques femmes) l’ont gravi.

Riches souvent (la tentative revient à plus de 60 000 €), sur-équipés toujours, ils suivent désormais une voie bien ouverte. Ce qui les porte, ce n’est plus l’exploit sportif, ni le vertige de la terre vierge à explorer. Les défis que certains se lancent (le plus rapide, le premier à le faire deux fois dans l’année…) relèvent plus de la médaille en chocolat.

Du moteur qui les porte, il ne reste plus que l’ego. De l’exploration, il ne reste plus que le business et de la montagne, si l’on n’y prend pas garde, il ne restera bientôt plus grand chose. Peut-être que si Mallory était encore vivant aujourd’hui, il ne voudrait plus escalader l’Everest. Et, si on lui demandait pourquoi, je crois bien qu’il répondrait : « Parce qu’il est là ».

Matthieu Pays