ça va couper, chéri…

Dans les cours des écoles et des collèges de France, ça spécule un max. La rumeur se répand comme une traînée de poudre : il paraît que bientôt, on n’aura plus cours le matin !

« Si, si, je te jure : c’est à cause des coupures, tout ça… ». Et chacun de rêver à ce monde merveilleux où on n’aurait plus à se lever au milieu de la nuit pour aller en classe. Dans les entreprises, on commence à se calfeutrer, à mettre les sacs de sable sous les portes et à baisser les stores électriques. On a nommé Robert responsable de secteur pour le respect des consignes de sobriété. Depuis, il passe ses journées à faire le tour des radiateurs et ça fait bien rigoler à la machine à café.

Et, dans le secret de chaque foyer, on se prépare aussi aux heures froides. On trie ce que l’on pourra brûler, le vieux fauteuil de la chambre d’ami, le bureau Ikea que l’on n’a jamais réussi à vendre sur le Bon Coin et, même, les bouquins de Guy des Cars qui prennent la poussière dans la bibliothèque. Le grand-père, qui en a vu d’autres, sourit un peu du coin de l’œil, manière de nous dire : « Voilà ce qui arrive, avec toutes vos conneries… ».

Matthieu Pays